Jusqu'au 5 janvier 2020
Cet
aphorisme que l'on prête à Georges Braque, « Le peintre pense
en formes et en couleurs » est à la source d'une riche
exposition au Musée des Beaux Arts de Lyon pour la 15eme édition de
la Biennale. L’interaction de la forme et de la couleur, son
incidence technique comme ses effets psychologiques, ont tissé une
histoire inédite de la peinture tout au long du XXe siècle.
Cette aventure est ici relatée non selon une approche chronologique
mais par la juxtaposition de certaines recherches qui touchèrent à
la relation à la matière, à la sculpture, au dessin et qui
explorent les variations chromatiques qui en résultèrent.
Formes
et couleurs s'emparent peu à peu de leur autonomie mais s'émancipent
de concert comme dans « La botte de navets » de Fernant
Léger où la couleur n'épouse plus les contours mais se dispose
en larges aplats qui illuminent le dessin sans intervenir dans sa
construction. Steven Parrino en 1988, en déplaçant la toile
de son châssis, dévoile un monochrome avec ses plis, ses ombres qui
s'inscrivent désormais dans la seule objectivité de la matière.
Celle-ci est ailleurs magnifiée par Eugène Leroy lorsque la
couleur y germe pour l'éclosion silencieuse de la figure. Au
contraire, Olivier Debré convoque l'espace qui tend peu à peu vers
une tonalité plus transparente laissant libre cours aux sensations
et à l'horizon de la monochromie. Un très grand format d'Olivier
Mosset de 1987 où la toile est dépouillée de toute profondeur,
vibre de la seule intensité de son champ coloré. L'espace se
confond alors à la lumière et répond en contrepoint à
l’outre-noir de Soulages.
Près
d'une cinquantaine d'artistes se prêtent ainsi à cette exploration
qui, aujourd'hui encore, ailleurs, sur d'autres supports et par
d'autres chemins, ne cesse de nous entraîner dans cette merveilleuse
aventure de la forme et de la couleur. En marge de la Biennale d' Art
Contemporain et du gigantisme de ses installations, la peinture vit
ici sereinement sa quête de la beauté.