Espace de l'Art Concret, Mouans-Sartoux
En parallèle à l’exposition essentiellement rétrospective de Pascal Pinaud à la Fondation Maeght, le Musée de l’Art Concret de Mouans-Sartoux nous propose une approche plus ludique, plus intimiste de l’œuvre de l’artiste. Il ne s’agit plus de présenter l'oeuvre par rapport à l'architecture d'un lieu en relation avec son extérieur ou de contempler "l’œuvre en soi" ou encore de la définir par rapport à sa totalité mais plutôt de la faire dialoguer et de la confronter avec un intérieur d’habitation.
Ainsi les pièces présentées perdent-elles de leur distance en se lovant dans une intimité qui altère ou modifie leur signification: Elles sont littéralement « habitées » et dotées d’une aura de douceur et d’humanité qui contredit une abstraction d'apparence froide tout en maintenant cette relation d‘ironie qui assure au lieu l'intelligence qu'elles leur apportent. Une façon aussi de montrer combien la mise en scène d’une œuvre d’art influe, jusqu’à la transformer dans son essence même, et combien l’œuvre par son installation, sa rencontre avec d’autres objets, voire même avec les œuvres d’autres artistes,rend relative sa définition tout autant que le statut de celui qui la produit.
« Cest à vous de voir… » Par ce titre Pascal Pinaud nous passe le relais et nous rend responsables de l’œuvre dès lors que nous y sommes confrontés. Celle-ci instaure dialogue et convivialité autant par cette proposition que par l’échange des regards qu’elle implique et la réflexion qu’elle suscite sur ce qui semble être le socle de la recherche de Pascal Pinaud: Qu’est-ce que la peinture et, en particulier, où est-elle lorsque, en apparence, elle n’est plus là? Et comme toujours, pour répondre au paradoxe, il convient de le prolonger par une réponse tout aussi paradoxale: la visibilité.
Il faut voir ces deux expositions car l’une éclaire l’autre en nous installant dans un jeu duquel, à coup sûr, nous sortons toujours gagnants. Et surtout, nous retrouvons dans cette déambulation jubilatoire ce mot si étranger à l’art aujourd’hui: le plaisir.
M.G
M.G