L'amour de l'art mais aussi l'amitié façonnent l'âme d'une
collection. Celle-ci se dévoile alors à travers ces signes
mystérieux hérités d'une histoire, d'une rencontre et de
sentiments qui échappent à la simple perception du connaisseur.
Aussi la Fondation Maeght pour sa nouvelle exposition, « L 'esprit
d'une collection : les donations », nous
propose-t-elle, sous les auspices d'Henri-François Debailleux, un
parcours très subtil à partir de ces œuvres qui témoignent autant
de leur force artistique que des histoires personnelles qu'elles
recèlent.
Celles-ci, au-delà de la magie des formes et des
couleurs, portent l'empreinte des mystères liés à la sensibilité,
aux sentiments humains qui, au fil du temps, se matérialisent dans
une œuvre d'art. C'est cette épopée chargée d'humanisme
qui nous est ici relatée, non de façon chronologique, mais à
travers un assemblage très diversifié – genres artistiques,
relations de formes, juxtapositions d'idées, associations de tons
ou, au contraire, envolées disruptives comme ode à la liberté,
gloire à la création. Les puissants liens d'amitié qui unirent la
famille Maeght avec Braque, Miro ou Giacometti, puis plus près de
nous, avec des artistes tel que Gasiorowski s'inscrivent au cœur de
ce récit.
Chaque salle de la Fondation apporte le témoignage
d'un instant de la création, d'une parcelle de beauté.
Chaque œuvre s'investit d'une mémoire qui reflète l'extrême
diversité des propositions qu'un artiste suggère. La figure lovée
dans un jaune impossible de Djamel Tatah suffirait à elle seule la
visite de l' exposition. Et le bleu onirique d'un Monory, la violence
transcendée d'un Immendorf... Inaugurée en 1964, la Fondation
Maeght est la doyenne des fondations françaises et, au-delà de la
richesse de ses collections, elle porte le témoignage des valeurs
humaines qui en sont la source. Tout ce qui est présenté
aujourd'hui repose sur ces dons d'artistes, de passionnés d'art, de
collectionneurs ou de membres de la famille Maeght qui ne cessent
d'enrichir une collection en mouvement.
Henri-François
Debailleux écrit à son propos : « Collectionner est un
état d'esprit et un mode de vie. Chaque collection est ainsi à
l'image de celui, celle ou ceux qui la constituent. Comme un miroir
en quelque sorte. » Dans ce miroir les œuvres du siècle
dernier jouent avec des pièces plus contemporaines. Aucune n'aura
perdu de son éclat ; l'art plus que jamais est vivant,
irréconciliable avec toute définition qui l'enfermerait. Le flux de
la création coule dans les veines de cette Fondation. Le miracle
continue.
La Strada N°305
La Strada N°305