Jusqu'au
5 janvier 2020
On
sait combien la photographie perturba l'histoire de la peinture.
Aussi faut-il imaginer l'impact de l'image en mouvement avec
l’apparition du cinéma sur les peintres. Particulièrement mis en
avant par le célèbre « Nu dans l'escalier » de Marcel
Duchamp et les futuristes italiens, elle influença pourtant de
nombreux artistes et cette exposition a le mérite de révéler les
relations mutuelles entre Matisse et le cinéma. Comment le peintre,
souvent associé à une forme de sérénité silencieuse, a-t-il donc
pu, paradoxalement, reprendre certains aspects de la technique
cinématographique ?
Lorsque
Matisse y fait un premier séjour en 1917, Nice est une ville du
cinéma grâce à ses nombreuses salles où le peintre se montre un
spectateur assidu et surtout grâce aux studios de la Victorine dans
lesquels il se lie d'amitié avec le directeur et quelques figurantes
qui seront aussi ses modèles. Mais c'est la rencontre avec Murnau en
1930, à Tahiti, lors du tournage de « Tabou » qui
marquera durablement le peintre. Dans son œuvre, les courbes des
feuillages ou des vagues sont saisies dans leur transformation
imperceptible, les contours sont mouvants, et Matisse excelle à
extraire cette vibration sourde qui émane de la nature mais le
mouvement, voire la vitesse, sont au cœur de certaines de ses
compositions comme dans « Les Abeilles » de 1948 ou dans
« Jazz », toutes ces peintures où il explore les
potentialités rythmiques de la sérialité. Mais c'est aussi dans
l’interaction des formes et des couleurs que la toile trouve son
dynamisme. Un paysage « La moulade » de 1907, vibre de
lumière par le seul jeu des couleurs complémentaires et de
l’alliance des courbes et des stries horizontales. Ailleurs, une
toile de 1917, « Le pare-brise » est traitée comme un
plan cinématographique.
Pourtant
si Matisse fut durablement marqué par le cinéma, en retour de
nombreux réalisateurs témoignèrent de l'influence du peintre sur
leur travail en particulier les cinéastes de la Nouvelle Vague,
Godard, Varda, Demy, Rohmer... L'exposition se clôt sur des artistes
qui ont pris en compte cette interaction du cinéma et de Matisse
tels que Buraglio, Ange Leccia, Alberola... Le cinéma c'est de la
lumière et Matisse put dire : « Quand je travaille, c'est
du cinéma. ». La lumière de Matisse éclaire le Musée.
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