Renée Levi, MAC Lyon
Le geste qu'elle imprime
n'exprime plus rien d'autre que ce qu'est la peinture : un
recouvrement. Et s'il ne s'agit que de surface, encore faut-il savoir
de laquelle il s'agit et pour quel usage on la peint. Mais une
surface implique aussi du volume et il faudrait à ce point en
définir la visibilité. René Lévi déroule les fils de la peinture
pour nous conduire de sa matrice jusqu'à son accomplissement, du
corps de l'artiste jusqu'à la jouissance de la couleur. Venant de
l'architecture, l'artiste s’intéresse davantage à la disposition
des pièces, voire à leur ornementation qu'à la fenêtre que serait
le tableau pour un dehors, un récit, une fiction.
Ici
rien n'est dissimulé, rien ne se dit au-delà de la seule extase de
la peinture. Elle se donne à nous dans sa nudité provocante, dans
les traces de sa chorégraphie qui s'étale en all over dans
l'enfilade des pièces d'une partie du MAC Lyon à l’occasion de la
Biennale. On ressent d'abord le vide comme une respiration morte,
puis le souffle, le jet, la vitesse du spray fluo qui diffuse sa
couleur acide, l'arrachement du geste, la torsion de l'épaule quand
l'épaisseur d'une couleur acrylique jaillit de la brosse. Le vide
sature l'espace. La seule pensée est l’idée d'un corps et
l'empreinte spirituelle qui en résulte. Comme un témoignage, un
satori de la peinture.
Nous nous déplaçons dans un
espace sensible, dans le souffle de la seule rythmique de la couleur.
Et celui-ci nous parle t-il peut-être aussi bien que le fil narratif
d'un tableau ou que le lyrisme bavard et pompeux d'une envolée
lyrique dans une scène de genre. Nous sommes au cœur du sensible,
dans l'ombilic des formes et des couleurs en amont de toute
figuration, dans la chair même de l'abstraction.
Cette
peinture dit le monde, il faut l'accueillir comme une révélation.
Prendre le temps de s’immerger dans un espace sensible, de se
défaire de toute intentionnalité, de se libérer de la pensée,
d'éprouver les seules couleurs du silence.
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