vendredi 20 septembre 2019

Renée Levi, MAC Lyon, biennale de Lyon


Renée Levi, MAC Lyon

Le geste qu'elle imprime n'exprime plus rien d'autre que ce qu'est la peinture : un recouvrement. Et s'il ne s'agit que de surface, encore faut-il savoir de laquelle il s'agit et pour quel usage on la peint. Mais une surface implique aussi du volume et il faudrait à ce point en définir la visibilité. René Lévi déroule les fils de la peinture pour nous conduire de sa matrice jusqu'à son accomplissement, du corps de l'artiste jusqu'à la jouissance de la couleur. Venant de l'architecture, l'artiste s’intéresse davantage à la disposition des pièces, voire à leur ornementation qu'à la fenêtre que serait le tableau pour un dehors, un récit, une fiction.
Ici rien n'est dissimulé, rien ne se dit au-delà de la seule extase de la peinture. Elle se donne à nous dans sa nudité provocante, dans les traces de sa chorégraphie qui s'étale en all over dans l'enfilade des pièces d'une partie du MAC Lyon à l’occasion de la Biennale. On ressent d'abord le vide comme une respiration morte, puis le souffle, le jet, la vitesse du spray fluo qui diffuse sa couleur acide, l'arrachement du geste, la torsion de l'épaule quand l'épaisseur d'une couleur acrylique jaillit de la brosse. Le vide sature l'espace. La seule pensée est l’idée d'un corps et l'empreinte spirituelle qui en résulte. Comme un témoignage, un satori de la peinture.
Nous nous déplaçons dans un espace sensible, dans le souffle de la seule rythmique de la couleur. Et celui-ci nous parle t-il peut-être aussi bien que le fil narratif d'un tableau ou que le lyrisme bavard et pompeux d'une envolée lyrique dans une scène de genre. Nous sommes au cœur du sensible, dans l'ombilic des formes et des couleurs en amont de toute figuration, dans la chair même de l'abstraction.
Cette peinture dit le monde, il faut l'accueillir comme une révélation. Prendre le temps de s’immerger dans un espace sensible, de se défaire de toute intentionnalité, de se libérer de la pensée, d'éprouver les seules couleurs du silence. 



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