Ben et ses invités, "La vie est un film"
Le 109, Nice, jusqu'au 19 octobre
Loin
de se confiner dans sa tour d'ivoire, Ben a toujours voulu fédérer
toutes les énergies créatrices, toutes les actions et performances
en relation avec le public et les autres artistes. A 83 ans, le voici
toujours en mouvement et, sur les 2000 m2 du « 109 » à
Nice, il propose, non pas une exposition au sens conventionnel, mais
plutôt un événement qui tend à montrer que « La vie est un
film ».
Un
film qui se dévide comme le flux du temps avec des images qui
remontent des débuts de l'artiste vers la fin des années 5O et qui
déferlent jusqu'à aujourd'hui, toujours avec la même pugnacité,
le même sens de l'ironie et du doute. Sur un ring au milieu de
l'espace, Ben se confronte à son environnement et, refusant toute
hiérarchie, il présente une cinquantaine d'artistes, certains
connus, mais aussi des amis ou des anonymes. De ce flot d'images ou
d'aphorismes, c'est toute la diversité de l'art qui surgit en
désordre comme si cet amas d'expériences et d'individualités
constituait en lui-même une installation liée à une série de
performances comme Ben excelle à en produire.
« L'art
c'est la vie » ne cessait de proclamer Fluxus lorsque Ben
rencontra Maciunas en 1963. Ce qui signifiait qu'au-delà de l’œuvre,
l'art était partout et qu'il s'associait ainsi au non-art. Vie, art
et film s'accordent alors dans ce jeu étrange mais plein de vitalité
que cet événement révèle. L'art étant partout, chacun peut en
revendiquer une séquence et, à la suite de Duchamp, tout le monde
peut se prétendre artiste. Attitude iconoclaste qui, paradoxalement,
tout en désacralisant l’œuvre, conduisit parfois à une autre
forme d'élitisme. Pourtant ce geste nous permit de prendre
conscience que cette énergie de l'art pouvait imprégner tous les
actes du quotidien. Ben intervient précisément dans ce champ. Par
l'outrance d'une écriture simple et répétitive comme par ses
dessins aussi sûrs qu'hésitants, il signe la vie comme performance,
dans un style reconnaissable, quotidien et populaire. On n' y
décéléra aucune autre vérité que ce doute qui effleure le
vivant, cette certitude que rien n'est certain au-delà du flux qui
nous emporte.
On
y croisera donc quelques célébrités dont Arman, Filiou, Armleder,
Yoko Ono ou Combas et de jeunes artistes telles que Anne Laure
Wuillai pour sa poésie de l'eau ou Laurie Jacquetty pour ses dessins
du quotidien aux traits sensibles. Nous voici plongés dans le
bouillonnement de la vie : Cela s'appelle la liberté.