Polygone Riviera, jusqu'au 14 octobre
De la nature au surnaturel, n'y aurait-il que le geste
de l'artiste ? C'est lui qui, ici, installe ce temps contrarié
entre l'agitation d'un lieu et le repos, la contemplation auxquels le
promeneur aspire. Le banc est cet objet fonctionnel qui est devenu
pour Pablo Reinoso une forme emblématique. Elle est destinée à
accueillir le repos du corps, ses rêveries. Mais elle se prolonge
par des excroissances enrubannées comme sortant de terre ou bien
s'envolant par des lianes aériennes. Le rêve est ainsi fait d'une
intériorité inquiète et d'une aspiration à une heureuse élévation
solaire.
Les sculptures d'acier peint, si elles se développent
souvent à partir de l'ossature du banc, peuvent revêtir d'autres
formes toujours en relation à la nature comme dans « La
chose », œuvre arachnide, surgissant de terre dans la trouble
éclosion du plein et du vide. La sculpture se fait végétale,
énigmatique. Elle respire et trouve son autonomie dans l'imaginaire
du passant et par la chorégraphie qu'elle déploie dans ses écharpes
de lumière et le lieu où elle repose. Ailleurs, posée sur un plan
d'eau, « Talk » est cette conversation entre l'acier,
l'eau et le ciel. Elle engage à l'échange, à l'inconnu des mots et
des choses.
D'essence minimaliste, l’œuvre de l'artiste
franco-argentin nous incite à la contemplation. Mais surtout elle
impose sa vie intime faite de volutes et de boucles qui élargissent
l'objet à d'autres possibles, la projettent vers l'infini de
l'espace. Où sont alors les traces de la nature, la multitude
d'objets de consommation ? Où sommes- nous dans tout cela ?
L’œuvre d'art est toujours une réponse à nos pensées errantes.
Pablo Reinoso se confie à nous dans la matière vivante de ses
sculptures.
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