Très
en vogue à partir du XVIe siècle, les cabinets de curiosités
préfigurèrent les Musées d’histoire naturelle tels qu'ils apparurent au XVIIIe
siècle. Ce siècle qui fut celui de l'Encyclopédie et qui inaugura de
nouvelles conditions scientifiques et politiques . Les questions de
méthode et de classification se rapportèrent alors ici essentiellement
à une catégorie majeure, les « naturalia », c'est à
dire ce qui se rapporte au domaine de la nature, au détriment des
« artificalia » - les choses de l'homme.
En
apparence, Alain Biet, reprend à son compte cette idée de
collection et d'amoncellement d'objets mais dans le sens premier de
l'art et de ces artificalia: ce qui est lié à la production humaine. Aussi
détourne-t-il la manière des naturalistes ou des entomologistes
pour se consacrer à une forme d'archéologie des technologies de
notre temps.
Une archéologie suppose l'effacement, la mémoire, le désir de conférer au passé une valeur d'éternité. Or Alain Biet choisit d'inscrire l'obsolescence et l'éphémère des objets contemporains comme témoignage de l'absurde. Car l'artiste parle avec distance de la vanité des choses, de leur banalité fondamentale. Il crée, avec l'élégance d'une rigueur froide et d'une manière très élaborée, un catalogue d'objets dont l'accumulation pose davantage la question de leur disparition que de leur présence ou de leur éventuelle utilité. Pourtant l'on perçoit derrière son détachement, l'ironie dadaïste dans cette obstination maniaque à fixer des images qui ne sont celles que d'une apparence de séduction.
Une archéologie suppose l'effacement, la mémoire, le désir de conférer au passé une valeur d'éternité. Or Alain Biet choisit d'inscrire l'obsolescence et l'éphémère des objets contemporains comme témoignage de l'absurde. Car l'artiste parle avec distance de la vanité des choses, de leur banalité fondamentale. Il crée, avec l'élégance d'une rigueur froide et d'une manière très élaborée, un catalogue d'objets dont l'accumulation pose davantage la question de leur disparition que de leur présence ou de leur éventuelle utilité. Pourtant l'on perçoit derrière son détachement, l'ironie dadaïste dans cette obstination maniaque à fixer des images qui ne sont celles que d'une apparence de séduction.
Depuis
2004 l'artiste entreprend d'archiver systématiquement les images des
objets électriques. Ce catalogue d'environ 6000 dessins répond à un protocole très stricte d'un point de vue documentaire. Alain Biet
utilise la méthode des anciens naturalistes avec un dessin à
l'aquarelle, avec toujours un même angle de vision et un même point
de fuite sans aucune ombre portée. De par sa banalité outrancière et
la perfection de son style, le dessin se pare, paradoxalement, d'une
telle solitude qu'il aspire à se charger d'un sens et à témoigner
d'un manque.
. C'est ici l'image fixe d'une disparition et de l'amoncellement pour exprimer le vide. C'est l'image du temps, comme le fit autrement Opalka, avec la même obstination, la même retenue méticuleuse : jour après jour, reprendre le fardeau de l'image comme un journal de bord pour raconter l'inutile mais par le biais de cette beauté froide et étrange qui lui confère une âme. Ne nous y trompons pas, Alain Biet est un grand artiste. Dessinateur, cinéaste, musicien et clown à ses heures, il dévore le temps. Ses échantillons électriques sont des lambeaux de jours, des cailloux semés sur le bord d'une route. C'est ainsi qu'on écrit une histoire.
La Strada, N°303
. C'est ici l'image fixe d'une disparition et de l'amoncellement pour exprimer le vide. C'est l'image du temps, comme le fit autrement Opalka, avec la même obstination, la même retenue méticuleuse : jour après jour, reprendre le fardeau de l'image comme un journal de bord pour raconter l'inutile mais par le biais de cette beauté froide et étrange qui lui confère une âme. Ne nous y trompons pas, Alain Biet est un grand artiste. Dessinateur, cinéaste, musicien et clown à ses heures, il dévore le temps. Ses échantillons électriques sont des lambeaux de jours, des cailloux semés sur le bord d'une route. C'est ainsi qu'on écrit une histoire.
La Strada, N°303