Galerie Sintitulo, Mougins
Le titre même d'une
exposition préfigure le projet d'un artiste : « Didascalie
1 » annonce un aparté vis à vis du dessin. Certes
l'artiste travaille ici à partir du graphite mais en référence à
la peinture qui en est la cible. C'est pour Jean-Philippe Roubaud
sa manière d'affirmer, qu'au lendemain des avant-gardes, il ne
resterait qu'à produire des notes en fin de page. Ainsi l'artiste
décline-t-il plusieurs séries de travaux qui, toujours,
investissent la notion d'image dans son immanence.
Celle-ci renvoie à
l'histoire de la peinture quand il dessine sur le thème du
romantisme selon des variations autour de Gaspard Friedrich. Ou
bien à la peinture religieuse, au drapé comme rappel de la toile
libre, sans cadre, à partir du voile de Sainte Véronique. Ailleurs
c'est l'image photographique dont il se saisit en créant des
fac-similés de polaroids empruntés au cinéaste Tarkowski. Le sous
titre « nature-culture », est une amorce à cette
exploration de l'image dans sa relation avec la culture qui prend en
charge l'ensemble des pratiques artistiques et la transformation
qu'elle opère sur la nature. L'architecture, par exemple, se mesure
à l'illusion des arbres quand Roubaud édifie une barrière de faux
bois dessinés sur des rouleaux de papier sur lesquels figurent, en
trompe l’œil, des représentations de cartes postales.
Le dessin
demeure, en amont de toute figuration, cette pratique qui permet à
l'artiste de restituer la source de la création et de dévoiler
toutes les couches illusionnistes dont l'art s'est peu à peu chargé
. Ce constat résulte des seules possibilités du graphite et de la
feuille de papier : Matériaux rudimentaires pour une analyse
qui s'attache à révéler la subtilité de toute œuvre artistique
pour peu qu'elle soit soumise à l'éclairage du dessin.
Du 17 novembre au 13 janvier 2018
Michel Gathier, La Strada, N° 284
Michel Gathier, La Strada, N° 284