Hôtel Windsor, Nice
Dans l'art tout est bon. Qu’on y pleure, qu'on s'y ennuie, qu'il
incite à la réflexion ou que, comme ici, l'on s' y amuse.
Mais l'on sait que le rire peut être grinçant et qu'il n'est jamais
neutre. Pas facile aujourd'hui d'être un humoriste et de revendiquer
l'absurde quand, de toutes parts, on nous somme de prendre parti, de revendiquer tel système idéologique, telle croyance quand l'art
est liberté et répugne à tout enfermement dans une norme. L'art
n'est pas l'antichambre du paradis.
Depuis la fin des années 80, Pierrik Sorin démystifie un art trop
intellectualisé en créant des saynètes dans lesquelles l'artiste
se représente avec dérision à travers des dispositifs audiovisuels
ou des installations vidéo entièrement fondés sur l'idée de
trucage.
Puisque tout est truqué, manipulé, inutile de rechercher du sens :
Ne reste que la représentation burlesque de l'homme réduit à une
mécanique ridicule , avec des gestes répétitifs dans un univers
factice . Et l'image en mouvement permet au mieux de décrire ce
monde-là, emmuré dans son illusionnisme, quand les miroirs mettent en
péril ce qu'ils réfléchissent et que le temps demeure celui des
premiers effets spéciaux de Méliès et des gags du music-hall. Le
burlesque produit un rire malheureux. Pierrik Sorin crée ainsi de
petits théâtres optiques qui enferment le vivant dans des boites
dont on ne s'évade pas. Le prestidigitateur en est la première
victime ; il se déguise, grimace, et gesticule, réduit à
l'animal qui tourne frénétiquement dans sa cage. La farce est aussi
cette tragédie. L'enchantement est ce désenchantement.
Cette
brillante mise en scène relève tout à la fois du cinéma et du
théâtre. L'hologramme de l'artiste accentue le comique de
répétition et sa solitude dans un environnement d'objets incongrus.
Chaque pièce porte son récit dans l'illusion du vivant. Il y a
cette fantaisie et cette liberté d'un imaginaire sans limite.
L’œuvre ne dit rien d'autre que ce qu'elle montre, elle est à
l'image du cinéma muet.
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