Musée Matisse, Nice Jusqu'au 4 mai 2020
Plus
que nul autre, Matisse sut découper l'espace en masses colorées et
intégrer le cadre d'une fenêtre comme une trouée dans le tableau
ou la possibilité de son expansion vers sa réalité extérieure. De
l'espace au volume, l'artiste se livre bien à une réflexion
complémentaire et il n'est pas étonnant que Matisse s’intéressât
à la sculpture. Par ses gouaches sur papiers découpés, il
s’affranchissait du pinceau et par la sculpture il ciselait
l'espace et, paradoxalement, il retrouvait les lignes et les courbes
dans la même justesse que dans ses dessins.
Les
sculptures de Matisse restent peu connues. Il rencontra Rodin mais
surtout il suivit l'enseignement de Bourdelle et se lia d'amitié
avec Maillol. Matisse fut aussi l'un des premiers à s’intéresser
aux arts primitifs. « Comparativement aux sculptures
européennes qui dépendent toujours du muscle, de la description de
l'objet d'abord, ces statues nègres étaient faites d'après la
matière, selon des plans et proportions inventées »,
écrivit-il. Ce sont donc quelque quatre-vingt-quatre pièces que
Matisse réalisa entre 1900 et 1950 et dont la plus grande partie
est conservée à Nice. Cette exposition réalisée en partenariat
avec le Kunsthaus de Zurich permet non seulement de découvrir les
sculptures de Matisse, mais de comprendre ce lien qui exista chez lui
entre le dessinateur , le peintre et le sculpteur. Les œuvres
sont ainsi mises en perspective et, des photographies, des sculptures
non occidentales ayant appartenu à Matisse, sont également
présentées et permettent de mieux comprendre son cheminement.
Rares
sont les peintres qui surent équilibrer aussi savamment les zones
de plein et de vide. Cette découpe à l'intérieur de la matière
en œuvre dans les sculptures accompagna donc peut-être les
recherches picturales de Matisse. L'intérêt de cette exposition ne
réside pas seulement dans la présentation de ces sculptures mais
également dans ce qu'elles disent du travail du peintre. La mise en
parallèle de certaines d'entre elles avec quelques tableaux est à
cet effet particulièrement éloquente.