CRAC
Occitanie à Sète
jusqu'au 24 mai 2020
Voici une exposition qu'on ne pourra savourer ou
comprendre sans un mode d'emploi. Les deux universitaires curatrices,
Virginie Bobin et Victorine Grataloup, ambitionnent en effet, à
partir de leur association « Qalqalah », de mettre en
question la langue tout en négligeant son aspect purement
linguistique et de « créer une plate-forme d'échanges
artistiques, de recherche et de traduction... Elle rassemble
artistes, théoricien-ne-s internationaux-ales engagé-e-s dans
l'articulation des problématiques artistiques, politiques et
sociales »... Rien de bien nouveau donc dans le
contenu et dans la forme mais il est toujours passionnant de se
plonger dans la recherche pour en extraire quelque pépite
insoupçonnée, les artistes n'intervenant alors que comme outils
pour illustrer le concept.
Le projet tel qu'il est exposé s'énonce ainsi : « Les
œuvres se font l'écho de langues multiples, hybrides, acquises au
hasard de migrations familiales, d'exils personnels ou de rencontres
déracinées (…) Comment (se) parle-t-on en plus d'une langue, en
plus d'un alphabet ? » A ce fort
questionnement, toutes les réponses sont possibles à la vue de
l'exposition, d'autant plus que tout repose sur des signes arabes et
des phrases en anglais. Mais heureusement ce qui est traduisible est
disponible sur une feuille à l'accueil : On y trouvera donc
d'hermétiques citations de Derrida, une autre de Sara Ahmed « Une
oreille féministe capte les sons qui restent bloqués par le refus
collectif d'entendre » ou bien encore celle de Omar
Berrada ; « C'est avec ton corps que tu traduis, pas
avec ton esprit ».
Fort de ces éclairages, le visiteur peut donc visiter
les lieux dans lesquels les « œuvres » sont imbriquées
à tel point qu'on saisit mal ce que chacune est censée exprimer.
Mais sans doute « dialoguent-elles » et entrent-elles en
résonance avec l'espace qui les accueille. Et ces œuvres sont des
sons, des vidéos, des lettres, des journaux, de l'artisanat et une
multitude de signes arabes dispersées un peu partout et qui raviront
ceux qui sauront les décrypter. Les visiteurs éprouveront-ils dans
ce parcours autant de plaisir que les curatrices ? Il faut le
souhaiter et s'ils en sortent fortifiés, «L'Art » aura rempli
sa mission.
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