lundi 9 mars 2020

Qalqalah – Plus d'une langue



CRAC Occitanie à Sète
jusqu'au 24 mai 2020
                                                   


Voici une exposition qu'on ne pourra savourer ou comprendre sans un mode d'emploi. Les deux universitaires curatrices, Virginie Bobin et Victorine Grataloup, ambitionnent en effet, à partir de leur association « Qalqalah », de mettre en question la langue tout en négligeant son aspect purement linguistique et de « créer une plate-forme d'échanges artistiques, de recherche et de traduction... Elle rassemble artistes, théoricien-ne-s internationaux-ales engagé-e-s dans l'articulation des problématiques artistiques, politiques et sociales »... Rien de bien nouveau donc dans le contenu et dans la forme mais il est toujours passionnant de se plonger dans la recherche pour en extraire quelque pépite insoupçonnée, les artistes n'intervenant alors que comme outils pour illustrer le concept.
Le projet tel qu'il est exposé s'énonce ainsi : « Les œuvres se font l'écho de langues multiples, hybrides, acquises au hasard de migrations familiales, d'exils personnels ou de rencontres déracinées (…) Comment (se) parle-t-on en plus d'une langue, en plus d'un alphabet ? » A ce fort questionnement, toutes les réponses sont possibles à la vue de l'exposition, d'autant plus que tout repose sur des signes arabes et des phrases en anglais. Mais heureusement ce qui est traduisible est disponible sur une feuille à l'accueil : On y trouvera donc d'hermétiques citations de Derrida, une autre de Sara Ahmed « Une oreille féministe capte les sons qui restent bloqués par le refus collectif d'entendre » ou bien encore celle de Omar Berrada ; « C'est avec ton corps que tu traduis, pas avec ton esprit ».
Fort de ces éclairages, le visiteur peut donc visiter les lieux dans lesquels les « œuvres » sont imbriquées à tel point qu'on saisit mal ce que chacune est censée exprimer. Mais sans doute « dialoguent-elles » et entrent-elles en résonance avec l'espace qui les accueille. Et ces œuvres sont des sons, des vidéos, des lettres, des journaux, de l'artisanat et une multitude de signes arabes dispersées un peu partout et qui raviront ceux qui sauront les décrypter. Les visiteurs éprouveront-ils dans ce parcours autant de plaisir que les curatrices ? Il faut le souhaiter et s'ils en sortent fortifiés, «L'Art » aura rempli sa mission.






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