MAC
VAL, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne
Vitry-sur-Seine
A
partir du 7 mars 2020
Le vent se lève
MAC
VAL, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne
Vitry-sur-Seine
A
partir du 7 mars 2020
Le gigantisme d'une œuvre de
Tatiana Trouvé, « Desire lines » impose d'emblée
sa présence. Mais surtout il orchestre l'ensemble de l'exposition
tant par les sujets qu'elle aborde que par les ramifications de ces
fils qui guident métaphoriquement le visiteur et à partir desquels
tout un parcours sensible se construit. L'artiste archive ici les 212
chemins de Central Park et les transfère sur des cordes selon leur
métrage sur autant de bobines. Chacune d'elles mentionne les
références à une marche qui a marqué l'histoire des idées et des
hommes. Chaque pièce présentée répond ainsi à une « démarche »
engagée et incite à suivre ce fil imaginaire.
« Le
vent se lève... Il faut tenter de vivre » écrivait Paul
Valéry. Ce sont cette autre vie possible et ce souffle nouveau qui traversent les salles du MAC VAL.
Cinquante-deux artistes de plusieurs générations témoignent des
relations ambiguës entre les Hommes et la Terre à travers un
parcours qui s'inscrit dans le temps de la marche, celui d'une
austère méditation ou d'une flânerie rêveuse. Ou bien par le
rythme, la superposition de fragments, comme dans les promenades de
Nietzsche quand celui-ci suggérait qu'elles permettaient à la pensée
de s'ouvrir continuellement à des perspectives nouvelles.
Les
œuvres présentent ainsi les facettes toujours renouvelées de la
nature à partir d'une multitude de supports et de points de vue.
Bernard Moninot évoque « la mémoire du vent »
par des prélèvements en traces lumineuses tandis qu'une toile de
Dubuffet recourt à la pâte de papier mâché pour inscrire
la puissance de la terre. Pourtant l'humain revient comme en écho
avec les éléments. Une action de Gina Pane de 1970 témoigne
d'une fusion avec la terre et dans « We are legion »,
Clément Cogitore convoque l'air, l'eau, la terre et le feu dans
un cérémonial sauvage, un « déjeuner sur l'herbe» revu sous
le prisme de la dérision et de la révolte. Nicolas Floc'h
photographie de façon sculpturale les fonds sous-marins, les confins
du visible et de l'invisible, le trouble d'une architecture et d'une
ruine dans des structures artificielles immergées. L'alchimie
végétale de Michel Blazy impose sa couleur tandis que les
images de Jean-Luc Moulène surgissent entre récit et
documentaire comme des instants de déambulation et d'arrêt.
Chaque artiste dévoile ainsi sa
relation personnelle, physique et mentale avec son environnement.
L'exposition déroule ce fil fragile qui nous relie au monde et elle parvient à nous égarer, avec inquiétude ou bonheur, dans ces petits
chemins de l'art qui s'enfoncent parfois dans la forêt mystérieuse du réel.
Pierre Malphettes, "L'arbre et le lierre"
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