jusqu'au
20 octobre 2019
A la notion d'artiste, Victor
Vasarely opposa toujours celle de plasticien. Parce qu'il
refusait la conception élitiste d'un art trop intellectuel et coupé
du monde, il revendiqua un art pour tous, en mouvement, et accessible
dans l'immédiateté des effets visuels. Puisant leur inspiration
dans l'enseignement du Bauhaus avec une même attention portée à
l'architecture, à l'environnement et à tous les aspects du vivant,
l'art optique et le cinétisme tendent ainsi à rapprocher le
créateur et le public. Le projet politique qui s'affirme dans le
titre de l'exposition « La révolution permanente »,
restera au cœur des préoccupations de Vasarely et de ses compagnons
de route. Le bâtiment lui- même, dont la restauration vient d’être
achevée après de longues années de déshérence, témoigne de
cette volonté d'inscrire l’architecture, les formes et les
couleurs dans un paysage et de le relier à l'humain : le
« centre architectonique du bonheur » tel que l'appelait
Vasarely, retrouve tout son éclat et se remet en mouvement.
L'exposition s'appuie sur un prêt d'une quinzaine d’œuvres du
Centre Pompidou et révèle une grande diversité d'approches.
Si une peinture de Wojciech
Fangor, maître du flou et de l'abstraction polonaise, fascine
par l'intensité de la couleur, une sculpture de Nicolas
Schöffer réagit d'elle-même à son environnement. D'autre
œuvres, celles de Xavier Veilhan ou de Philippe Decrauzat,
sont en lien avec le cinéma, ses effets spectaculaires et la
puissance des réactions qu'il exerce sur le public. Parce qu'il est
un art populaire, comme le rock qui repose sur le rythme, le
mouvement et la force de l'immédiat. Dans les œuvres de Carlos
Cruz Diez et de Soto, c'est le déplacement du spectateur
qui fera agir l’œuvre, par la modification des formes et des
couleurs qu'il implique, transgressant ainsi la hiérarchie
traditionnelle entre l'artiste et son public. A chaque fois le projet
révolutionnaire s'impose au cœur d' une pratique où l'idée de
mouvement reste centrale. Une œuvre de Giovanni Anceschi
témoigne du déplacement de la couleur sur l'illusion d'une toile
quand de l'huile de moteur colorée coule de façon aléatoire dans
un cadre mobile en plexiglas. Tout repose ici sur l'illusion, les
jeux qu'elle induit et les réactions instinctives qu'elle suscite.
L'exposition est variée, vivante et complète superbement les toiles
monumentales de Vasarely que la Fondation abrite.