Villa Arson, Nice, jusqu'au 13 octobre 2019
L'influence
de l’œuvre critique de Mikail Bakhtin sur son propre travail,
Monster Chetwynd la revendique haut et fort. On y retrouvera donc la
même appétence pour la polyphonie, la structure carnavalesque à
partir de l'univers médiéval quand les récits s'entrecroisent, se
contredisent:et tendent à subvertir l'autorité sociale et politique
à partir de l'humour et des cultures populaires. L'analyse que
Bakhtine conduisait à partir du roman, à travers notamment Rabelais et
Dostoïevski, Monster Chetwynd la poursuit dans une œuvre burlesque
et transgressive où la performance et le plurilinguisme des figures
ne sont jamais absents.
Le
nom que l'artiste se donne maintenant n'est d'ailleurs lui-même que
l'actualisation d'une identité toujours mouvante en relation avec
une œuvre elle aussi travaillée par la notion
d' « intertextualité » : On y croise le monde
médiéval, le rapport à Jérôme Bosch, les chauves-souris, les
serpents et les salamandres mais aussi la bande dessinée, les
fanzines et l'élaboration collective de l’œuvre quand, par
exemple, elle collabore avec des groupes d'enfants...
L'imaginaire de l'artiste s'empare de la Villa Arson dans une
débauche de créativité sur les murs, les plafonds ou le sol. Une
ambiance sonore et un éclairage coloré soutiennent cette mise en
scène punk et pleine d'humour. L'artiste y ajoute une revendication
écologique par une relation forte avec les matériaux pauvres,
légers, facilement transportables. Comme les enfants, elle crée du
« monstrueux » avec du carton, du papier mâché auxquels
elle rajoute latex liquide et autres éléments. Il en résulte un
univers improbable, hors temps, parfois aussi sinistre que drôle
mais qui nous transporte toujours dans le fabuleux royaume de
l'imaginaire. Tout est d'une claudicante beauté et d'une logique
estropiée quand les créatures fantastiques vampirisent une peinture
de François Boucher tandis que, d'une pièce à l'autre, s'ouvre un
nouveau décor pour un gigantesque carnaval.
Le
monde nocturne de Monster Chetwynd est délicieusement
irrévérencieux. d'une légèreté grimaçante. On y circule avec
jubilation, on se heurte à nos fantômes, on erre dans le jardin des
délices, on s'amuse de ces bricolages de quatre sous et l'on se dit
que le monde est ainsi fait : Nous sommes étrangers à lui et
pourtant nous y habitons. Ces créature hybrides qui nous regardent
sont aussi une part de nous-mêmes.
Monster Chetwynd (ex Spartacus et Ex Marvin Gaye Chetwiyd) est née en 1973. Elle vit et travaille à Glasgow. Elle est représentée par les galeries Sadie Coles HQ à Londres, Massimo de Carlo à Milan et Gregor Staiger à Zurich.
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