Espace
Lympia, Nice
Jusqu'au
15 octobre 2019
Se
confiner dans une démarche illustrative en dépit de la variété
des approches et des formes qu'elle peut emprunter demeure le risque
de toute exposition thématique. Très souvent les images et les
genres se juxtaposent ou se chevauchent dans une relative cohésion
sans une véritable analyse du thème abordé et des formes qu'elle
implique. La réussite de cette exposition tient donc au fait qu'elle
ne repose pas sur la célébration comme le titre « Liberté,
liberté chérie » pourrait le laisser entendre. En préambule
Simone Dibo-Cohen, Commissaire et Présidente de l'Union
Méditerranéenne pour l'Art Moderne, cite Paul Valéry :
« Liberté c'est un de ces mots détestables qui ont plus de
valeur que de sens, qui chantent plus qu'ils ne parlent, qui
demandent plus qu'ils ne répondent. » Son aspect
indéfinissable, indéterminé, s'ouvre donc à tous les possibles à
tel point que les mêmes mots pourraient correspondre à une
définition de l'art.
Une
vingtaine d'artistes vivants déclinent leurs propositions autour de
cet horizon poétique, de ce « chant », de ce
questionnement sur lequel reposerait le concept de liberté. Et si
celui-ci est toujours en progrès, aveugle aux formes futures qu'il
produira, le voici donc associé au domaine de la création.
L'artiste est donc bien avant tout un créateur de liberté.
Les
œuvres présentées ici s'attachent toutes à exprimer un aspect
précis du concept et l'on pourra seulement regretter que le propos
soit parfois brouillé par d'autres thématiques telles que la cause
animale. On en vient alors à confondre dangereusement liberté et
morale... Les œuvres restent fortes et c'est l'essentiel. Liu
Bolin s'immerge
dans la réalité au point de se fondre avec les éléments dans
lesquels il est photographié. Être libre est-ce alors fusionner,
devenir invisible ? Et pour se protéger du monde ou agir sur
lui ? Gérard
Rancinan réactualise
l'iconographie de la liberté en réinterprétant par la photographie
le tableau de Delacroix. L'iranienne Shadi
Rezaei,
par le biais du dessin et de la vidéo, s'intéresse à la liberté
du corps en relation avec les traditions culturelles et
religieuses. Benjamin
Sabatier s'attache
plus particulièrement à la sculpture et à l'expérimentation
qu'elle permet tandis que bien d'autres artistes évoquent la
sexualité, la répression et les drames de l'histoire. C'est
peut-être dans l'idée même de peinture et de figuration
que François
Bard pense
ce concept de liberté. La figure anonyme, centrée jusqu'à
l'étouffement, « dépeint » une forme d’absence, la
cicatrice d'un manque. Il y a aussi Franta,
Louis James, Philippe Perrin, Gérard Taride, Myrian Klein ,
Bennacer...
L'exposition se tient dans un ancien bagne : La preuve que l'art
peut vaincre l’oppression.
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