lundi 2 septembre 2019

"La révolution permanente" Fondation Vasarely, Aix en Provence


jusqu'au 20 octobre 2019

A la notion d'artiste, Victor Vasarely opposa toujours celle de plasticien. Parce qu'il refusait la conception élitiste d'un art trop intellectuel et coupé du monde, il revendiqua un art pour tous, en mouvement, et accessible dans l'immédiateté des effets visuels. Puisant leur inspiration dans l'enseignement du Bauhaus avec une même attention portée à l'architecture, à l'environnement et à tous les aspects du vivant, l'art optique et le cinétisme tendent ainsi à rapprocher le créateur et le public. Le projet politique qui s'affirme dans le titre de l'exposition « La révolution permanente », restera au cœur des préoccupations de Vasarely et de ses compagnons de route. Le bâtiment lui- même, dont la restauration vient d’être achevée après de longues années de déshérence, témoigne de cette volonté d'inscrire l’architecture, les formes et les couleurs dans un paysage et de le relier à l'humain : le « centre architectonique du bonheur » tel que l'appelait Vasarely, retrouve tout son éclat et se remet en mouvement. L'exposition s'appuie sur un prêt d'une quinzaine d’œuvres du Centre Pompidou et révèle une grande diversité d'approches.
Si une peinture de Wojciech Fangor, maître du flou et de l'abstraction polonaise, fascine par l'intensité de la couleur, une sculpture de Nicolas Schöffer réagit d'elle-même à son environnement. D'autre œuvres, celles de Xavier Veilhan ou de Philippe Decrauzat, sont en lien avec le cinéma, ses effets spectaculaires et la puissance des réactions qu'il exerce sur le public. Parce qu'il est un art populaire, comme le rock qui repose sur le rythme, le mouvement et la force de l'immédiat. Dans les œuvres de Carlos Cruz Diez et de Soto, c'est le déplacement du spectateur qui fera agir l’œuvre, par la modification des formes et des couleurs qu'il implique, transgressant ainsi la hiérarchie traditionnelle entre l'artiste et son public. A chaque fois le projet révolutionnaire s'impose au cœur d' une pratique où l'idée de mouvement reste centrale. Une œuvre de Giovanni Anceschi témoigne du déplacement de la couleur sur l'illusion d'une toile quand de l'huile de moteur colorée coule de façon aléatoire dans un cadre mobile en plexiglas. Tout repose ici sur l'illusion, les jeux qu'elle induit et les réactions instinctives qu'elle suscite. L'exposition est variée, vivante et complète superbement les toiles monumentales de Vasarely que la Fondation abrite.

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