Galerie Eva Vautier, Nice
L’ambigüité du malaise à l’intérieur de l’image du bonheur aura donc révélé, en peinture plus qu’ailleurs, la présence invisible de ces failles ou de ces fulgurances qui se trament dans une matière que le peintre caresse et malmène, tout à la fois pour la contraindre à en exprimer l’ineffable et pour extirper ces petits bouts de vie découpés sur une toile, factices et pourtant si vrais dans ce qu’ils disent du réel.
Tels sont bien les pouvoirs de l’imaginaire quand un petit rien suffit à créer le trouble, quand la futilité d’un détail fait exploser le cadre, quand l’artiste fait vaciller la peinture et l’entraîne sur des rivages inédits.
Car la spécificité de la peinture s’exprime ici, souverainement, par la seule présence d’un signe en guise de signature qui renverrait au début de cette histoire de l’art moderne, au XIXe siècle , à l’instant où l’artiste bouscule les contenus corsetés par les mythes pour imposer cette liberté tragique de la subjectivité. Ce signe est viral; il est ce corps étranger, insoumis au cadre narratif; il le traverse, le menace en même temps qu’il l’exulte. Ici il prend la forme d’une simple cigarette, de ce qui part en fumée - figure de la liberté ou de l’évanescence, de la vie comme de la mort.
Car la spécificité de la peinture s’exprime ici, souverainement, par la seule présence d’un signe en guise de signature qui renverrait au début de cette histoire de l’art moderne, au XIXe siècle , à l’instant où l’artiste bouscule les contenus corsetés par les mythes pour imposer cette liberté tragique de la subjectivité. Ce signe est viral; il est ce corps étranger, insoumis au cadre narratif; il le traverse, le menace en même temps qu’il l’exulte. Ici il prend la forme d’une simple cigarette, de ce qui part en fumée - figure de la liberté ou de l’évanescence, de la vie comme de la mort.
En ces temps d’hygiénisme triomphant et de soumission à la biopolitique, le dernier tabou signe aussi l’illusion de toutes ces transgressions que l’on déplace plus qu’on ne dépasse quand la découpe d’un tableau suffit à en exhiber la triste vacuité.
Pourtant l’image du bonheur se loge au fond du cadre mais ,déjà, elle semble contaminée par des lueurs nocturnes. L’étrangeté des formats ou leur démesure, les larges coups de brosse chargés de vitesse sont comme niés par la pesanteur immuable du portrait ou de la scène de genre. La gravité se dispute à l’ironie, les conventions de la peinture reviennent tels des fantômes où l’on reconnaîtrait Vélazquez revisité par Manet, lui-même traduit par la bad painting américaine ou les néo-expressionnistes allemand de la fin du XXe siècle. L'image du bonheur n'est que le négatif de son double et toute image est fausse; c'est aussi cette duplicité que raconte l'artiste.
La peinture reste ce champ de bataille que l’artiste traverse, tel Fabrice dans « La chartreuse de Parme », facétieux, grave et décalé, pour en extraire les étincelles de vie dans la quête du bonheur. Il y faut beaucoup d’ironie et donc de retrait: Cette peinture-là en dit plus sur notre monde que bien des discours. Elle a un nom: Gilles Miquelis.
M.G
M.G