samedi 14 décembre 2019

Gérard Serée, Peintures et sculptures, Nice



Avant que le regard ne s'en empare, la peinture est une action, la traduction brute d'un geste. Aussi lorsqu'il peint, Gérard Serée sculpte un espace, en extrait les scories qui d'elles-mêmes prennent vie de façon organique, prolifèrent, se métamorphosent en signes. Lorsqu'il sculpte, la peinture revient dans le volume, la couleur imprègne les plis, les creux se gorgent de lumière et les masses parlent d'une ombre défaite par la seule force de la main.
Peinture et sculpture entament leur danse rituelle, inaugurent des entrelacs, balbutient le geste archaïque qui fut celui de l'art pariétal. Des courbes se déplient dans l'espace, une épaisseur se déploie dans le souvenir du vide. Et Gérard Serée traque l'évidence d'un signe originel pétri dans la matière. Il en exprime le souffle avant qu'un langage ne se formule. La peinture est un ventre, elle délivre ses secrétions, ses palpitations, elle préfigure déjà un destin, la construction d'un mot et d'un regard. Il faut la lire dans sa violence intérieure, dans cette course folle des atomes pour donner existence au monde. L'artiste fouille le rythme tapi au cœur de la matière vivante, sa force tellurique, ses convulsions, ses projections de lave, ses contractions nerveuses jusqu'à ce que la toile ou la sculpture deviennent le lieu d'un apaisement.
L’œuvre achevée est cet état de grâce quand les signes se délivrent à l'orée du sens. Qui saura les écouter, entendra les flux et reflux du vivant. Il se bercera de ces ondulations, de ces modulations lointaines d'où naîtront les germes d'un récit. Ici la peinture ne se confond pas à l'abstraction, elle est préfigurative.

Atelier du Port, 7 ter rue Emmanuel Philibert, 
Jusqu'au 17 janvier 2020


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire