Jusqu'au 7 novembre 2021
Dès l'entrée, le ton est donné. Des lignes rouges délimitent un espace dans lequel le visiteur doit physiquement s'insérer pour en percevoir la parfaite exactitude puisque telle est la démarche de l'artiste Felice Varini. La perception, c'est à dire la présence active d'un corps non matérialisé, est bien ce qui se joue entre le choix du minimalisme et de l'art conceptuel dans la Fondation CAB à Bruxelles, depuis 2012. Le corps résulte alors d'une interaction, celle de l’œuvre et de la pensée mais, surtout, de ce qui se construit entre l'artiste qui la conçoit et celui qui la contemple et -au-delà- entre le sujet et le corps social.
Ce rejet de la figure, cette distanciation vis à vis de la matière, cette autonomie radicale de l’œuvre, s'expérimentent aujourd'hui à Saint Paul de Vence à travers les salles et les jardins de cette nouvelle Fondation CAB à quelque encablures de la Fondation Maeght. « La légèreté de l'être » est ce premier regard sur une collection qui rassemble les incontournables de ces mouvements : Robert Mangold, Carl Andre, Dan Flavin Laurence Weiner, On Kawara, John Armeleder et, pour la France Buren sans oublier la Suisse avec Toroni. Nous sommes en territoire connu pourtant l'intérêt se déporte aussi vers d'autres créations qui leur font écho quand on cherche à s'étonner de ce qui serait de l'ordre de l'incidence ou de l'incident. Et l'attention se concentre alors vers des artistes plus rares tels Philippe Decrauzat, Heimo Zobernig ou Ariane Loze.
« Structures of radical wills », par son titre, renvoie à des références historiques et théoriques pour ces mouvements qui ont bouleversé l'art de la seconde moitié du XXe siècle et à la critique qu'elles ont elles-mêmes pu susciter. Cette exposition temporaire, corollaire à la précédente, poursuit avec brio ce jeu de cache cache entre le sujet et la neutralité. La notion d’environnement est plus prégnante et semble se confondre, parfois ironiquement, avec les travaux de Morellet dans ses implications sociales et politiques. A la virulence d'André Cadere, répondent des œuvres plus énigmatiques ou légères telles les réseaux de métal ciselé de Daniel Steegmann Mangrané qui se déploient comme une nébuleuse pour nous rappeler qu'ici, toujours, tout est affaire de perception. Les artistes réactivent cet événement historique majeur pour un mouvement qui, à partir de productions plus récentes, propose une relecture et de nouvelles perspectives pour ce qui révolutionna le monde de l'art.