vendredi 4 juin 2021

Georg Baselitz, « Vedova accendi la luce »

 



Fondation Emilo et Annabianca Vedova, Venise

Jusqu'au 31 octobre 2021


Trop méconnue en France, l’œuvre picturale d'Emilo Vedova (1919-2006) fut pourtant d'une importance capitale dans l'histoire de l'art de la seconde moitié du XXe siècle. Inspirées par l’expressionnisme abstrait, ses vastes compositions rivalisent avec celles de Franz Kline ou avec les corps déconstruits de De Kooning. A quelques encablures de la Punta della Dogana à Venise où le peintre vécut, se trouve la Fondation Vedova dans un ancien entrepôt de sel revisité par l'architecte Renzo Piano et qui poursuit les valeurs d'engagement de l'artiste avec sa volonté de promouvoir la peinture dans sa relation à l'espace, au temps et à l'histoire.

Travaillant dans les années 60 à Berlin, Vedova se lia d'amitié avec Georg Baselitz, peintre tourmenté dont l’œuvre est alors souvent jugée scandaleuse. Ce dernier deviendra avec Kiefer le chef de file du néo-expressionnisme allemand et sera célèbré pour ses tableaux « haut-en-bas », ses grands formats aux couleurs franches et ses larges coups de brosse. Dans cette exposition qui est un hommage au peintre vénitien disparu, Baselitz dispose toute une série de toiles de même format et reposant sur un même canevas. Sur chacune d'elles, on devine un même personnage assis mais l'ensemble est comme défiguré par la fulgurance du geste et la violence de la couleur. Chaque toile décline son vocabulaire chromatique et se limite parfois à un somptueux noir et blanc qui n'est pas sans rappeler certaines compositions de Vedova. Bien sûr, comme toujours, la figure est inversée, tête en bas, si bien que chaque tableau revêt l'apparence d' une toile abstraite qui, littéralement, met en pièces la figuration. Abstraction et figuration s’annulent alors mutuellement pour une envolée lyrique digne du Véronèse et pour une ode à la peinture dans sa genèse comme dans son éclosion par une débauche de fragments colorés.

Ailleurs à Venise, c'est une autre exposition de Baselitz,  « Archinto » qui se tient au Palazzo Grimani en regard avec sa collection d'objets archéologiques. Là les œuvres de Baselitz jouent sur d'autres registres en s'ouvrant à la sculpture et au bas relief. (Jusqu'au 27 novembre 2021)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire