lundi 13 mai 2024

Charlotte Pringuey Cessac, «Battre l’oubli – Bruit originaire (Acte IV)»


Galerie Eva Vautier, Nice

Jusqu’au 15 juin 2024



Il est des œuvres à peine murmurées qui traversent le temps comme un souffle que rien ne retient. D’elles, on ne se souviendra que de la cendre des mots, que d’une lacération furtive dans un ciel vide ou un vague parfum d’herbe séchée que l’on caresse du bout des yeux de peur de l’ éteindre. «Battre l’oubli» et ses battements de cœur, inscrire ceux-ci dans la fragilité des jours, tel est ce récit tout en nuances et délicatesse que diffuse l’œuvre de Charlotte Pringuey Cessac. L’autobiographie trop souvent souffre du poids des mots dans le miroir de sa vanité ou de ses peines. Alors mieux vaut recueillir avec recueillement l’invisible des larmes, la trace d’un signe et la qualité d’un silence plutôt que l’indice d’un moment.

C’est bien dans cet effleurement que réside la grâce de ces objets diffus, papiers dans une pâte végétale et des mots à peine imprimés ou bien des mouchoirs de grès ou de porcelaine et encore des tissus comme mémoire de la trace. L’artiste se greffe à la pulsation des jours, à la rosée des larmes et à l’oubli aussi léger que la chute des feuilles. Il lui faut alors revenir à la source, retrouver au seuil même de la préhistoire les indices d’un témoignage, l’ocre des murs, l’hypothèse d’une image et certainement l’écho d’un bruit originaire. Charlotte Pringuey Cessac restitue les poussières de celui-ci pour les traduire en objets émouvants et les charger d’un langage plastique que nous interprétons au gré des indices qu’elle répand. Les objets sont légers et implorent le toucher dans la trace de la sensualité d’où ils émergent. L’émotion est ici une matière qui se lie à l’éphémère, à l’éloignement et à l’oubli. Alors autant s’y laisser entraîner, s’envoler sur des chemins improbables et vivre en glanant ci et là les débris du cœur.

Dans ce terrain de vague à l’âme, sentiments, objets et idées se confondent dans des brides d’écriture et de plis que le vent emporte. Quelques fragments d’épaves, des morceaux de rien et de douceur et l’art est ce petit soleil qui perce la brume.



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