Centre d’Art La Falaise, Cotignac
Jusqu’au 21 octobre 2023
Une collection parle toujours autant de ceux qui la réalisent que des œuvres qu’elle contient car, parmi toutes les voix qui s’expriment en elle, perdure la quête de cet idéal impossible qui n'approche que par une multiplicité d’artistes animés d’une réflexion commune et d’une opiniâtre volonté d’extraire de nouvelles perspectives pour la création. Depuis la naissance de ce Centre d’Art, il y a 8 ans, cette collection s’est assemblée sans fil directeur apparent mais toujours à travers une sélection d’artistes porteurs d’un style très personnel et d’une forte exigence dans la perfection technique. Si dans la peinture cette «genèse d’une collection » explore l’abstraction avec des artistes tels que Marc Tigrane ou Solange Triger, c’est toujours le rapport à la matière qui s’impose comme prélude à l’émergence d’une figure. Ce trouble de l’interstice et de l’incertitude agit sur une vaste toile de Jean-Marc Cartereau, «Les âmes de la Provence noire», où le rocher de Cotignac jaillit comme dans un flou photographique à travers sa toute puissance frontale.
L’ancrage dans la peinture est d’ailleurs sensible dans cette collection avec les paysages silencieux de Jean Arène ou les visages nocturnes de Gilbert Pastor. Dans toutes ses gammes, elle décline les recherches d’artistes nés le plus souvent au milieu du siècle dernier, par exemple dans l’expressionnisme des corps de Stéphane Lovighi, mais aussi dans une poésie proche du naïf ou des arts singuliers avec les assemblages hétéroclites d’Armand Avril.
Ce sont pourtant tous les domaines de l’art qui sont ici convoqués. Les photographies de Vincent Citot, entre déserts ou ruines, traduisent l’angoisse d’une solitude et l’humain les traverse dans l’inquiétude de leur étrangeté. Ailleurs, c’est par le biais de la sculpture qu’objets et matières s’interposent ou cherchent leur identité, entre nature et antiquité avec Christophe Nancey, bois et pierre pour Nicolas Valabrègue. Par le dessin et le tragique du noir et blanc, Gérard Eppelé excelle dans un récit où l’homme se confronte à l’ailleurs, à la violence, à l’angoisse… Au contraire, une robe d’apparat de Louis Féraud, «Les sirènes» est une promesse de rêve et de bonheur. Voici donc un parcours riche en couleurs et en propositions pour une trentaine d’artistes connus, oubliés ou à découvrir. Cotignac est un superbe village et ce centre d’art lui apporte ce surplus de magie: un voyage dans les mystères de la création.
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