dimanche 23 avril 2023

IMMORTELLE Vitalité de la jeune peinture figurative française

 


MOCO Montpellier, jusqu’au 4 juin 2023

MOCO Panacée, Montpellier, jusqu’au 7 mai 2023


                                                           Claire Tabouret, "Autoportrait en vampire"

«Immortelle est une exposition de combat». Cette déclaration liminaire préfigure une exposition coup de poing qui brise le consensus qui s’était établi autour de l’art contemporain. Et dans le catalogue on lira aussi : «Oui, ces artistes ont dû mener leur barque à contre-courant, découragés par les écoles d’art, méprisés par les institutions, moqués par la majorité des critiques influents». Renouant avec les querelles qui ont agité l’histoire de l’art, cette exposition est donc déjà, au-delà de toute appréciation, un événement.

Pour la comprendre, il faut revenir à l’histoire du MOCO et de son ancien directeur Nicolas Bourriaud, théoricien de l’esthétique relationnelle et de l’errance extra culturelle à l’âge de l’anthropocène. Figure majeure de l’art contemporain et des institutions, il fut éjecté et remplacé par Numa Hambursin, lequel préconisait une approche plus ouverte, à l’égal des autres grandes nations artistiques qui n’ont cessé de célébrer l’histoire de la peinture. Une histoire immortelle qui remonte des grottes préhistoriques jusqu'à aujourd'hui pour énoncer la voix de l’humanité entre mystère et certitude et qui continue à exister au-delà du concept, de l’éphémère, des installations et des performances.

Voici donc un «salon des refusés», une machine de guerre pour rendre justice à ces peintres souvent adulés par les collectionneurs mais dépréciés par nombre de fonctionnaires de l’art. Ce ne sont pas moins de 122 artistes qui sont ici présentés, pour les plus jeunes à la Panacée et les autres au MOCO. L’effet de choc est garanti par l’aspect massif, la violence colorée et la diversité des propositions. On s’émerveillera de l’œuvre de Milène Sanchez, on s’étonnera du kitch de certains, on sera frappé par la matière de Ronan Barrot et la force de Stéphane Pencreac’h.

 Il y a là une forme de sauvagerie salvatrice qui déchire les modes et les discours pour un face à face tour à tour douloureux et jubilatoire avec l’histoire de l’art. La peinture s’énonce ici en désordre, dans une débauche de récits et de styles pour parler du présent comme du passé, pour dire le corps, penser l’indicible, formuler le désir ou la terreur. La force de l’image quand elle est saisie dans sa matière brute, au-delà de toute théorie, s’impose et il revient alors à chacun, par son histoire personnelle, de se mesurer à elle, de s’y retrouver ou de s’y perdre. Aussi le critère de qualité reposera-t-il ici autant sur des éléments subjectifs que sur une connaissance de l’art. Et c’est peut-être là, le véritable intérêt de cette exposition discutable et discutée: Penser l’esthétique, interroger la fonction de l’art et sa présence au monde. Et surtout explorer cet écart qui, dans l'image, vibre entre l'intelligence et le sensible. 


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