MAIAM -Musée International des Arts Modestes, Sète
Jusqu’au 9 janvier 2022
C’était le temps du pop, de l’op, des mandalas et de la Beat Generation, des herbes magiques et des champignons roses. Et celui des flashs hallucinés qui traversèrent une histoire de l’art qui ne daigna pas s’y arrêter. Il fallait donc retracer l’histoire de ces artistes qui ne se rattachaient à rien d’autre qu’à leur propre expérience, qu’à ces moments de vie accrochés aux cordes d’une guitare sèche pour de nerveuses extases hédonistes et de vertigineuses envolées mystiques. Le terme « psychédélique » apparut avec Aldous Huxley à la fin des années 50 en désignant « un révélateur de l’âme » et, artistes et écrivains, célèbres ou inconnus, témoignèrent alors de l’usage des psychotropes et de leurs expériences sensorielles et mentales. Héritiers des surréalistes, utopistes, explorateurs de la psyché, aventuriers dans l’âme, leurs traces n’ont souvent rien imprimé d’autre que l’incandescence d’un moment.
Le MIAM de Sète, créé en 2000 par Hervé Di Rosa et Bernard Belluc, redonne vie à ces « arts modestes » et à ceux qui, aux confins du graphisme et de l’illustration, s’abandonnèrent au vertige de la spiritualité ou de l’érotisme, dans le foisonnement des formes, des courbes et de la saturation des couleurs acidulées. On y retrouve l’écriture psychique d’Henri Michaux et les expérimentations de Bryon Gysin et de Burroughs, la liberté de Di Rosa et de Combas, le début de l’art cinétique avec Julio Le Parc, l’engagement avec Henri Cueco... Une aventure sur à peine deux décennies où les recherches des plasticiens furent souvent ignorées, étouffées par la frénésie d’une musique rock n’roll ou planante… De ce kaléidoscope de près d’une quarantaine d’artistes, on retiendra l’extrême variété de la création avec des personnalités fortes telles que Joseph Sima, Jacques Noël ou Kiki Picasso. Et peut-être surtout, Robert Malaval. Lui qui reste le grand oublié d’une « École de Nice » qu’il méprisa. Lui l’artiste des paillettes et de la poussière d’étoiles au son des Rolling Stones dans un univers nébuleux et tragique. L’exposition consacrée à ce moment de l’ underground français est ce trip halluciné qui nous conduit dans toute l’intensité d’un art populaire qui, pour cela peut-être, reste trop oublié. Elle est une ode pour cette épopée libertaire. Plus que jamais, en ces temps sombres où l’angoisse sanitaire, écologique et sexuelle suinte de partout, il est temps de redécouvrir ces Psychédélices!
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