Liberté
et plaisir s’inscrivent en matière et lumière pour une exposition
de laquelle une vie torrentielle jaillit, sans tabou, sans autre
limite que la scénographie qui l'encadre. « Tainted
love/ Club edit » est ce récit sombre et lumineux d'une
histoire qui culmina à la fin du siècle dernier et Yann Chevalier,
en partenariat avec le Confort Moderne de Poitiers, en compagnie de
35 artistes restitue cette dramaturgie dans une débauche d'images
et d'objets comme rappel de la Culture Club qui enflamma les nuits.
Bien sûr le corps, dans ses multiples facettes, par son exubérance,
irrigue l'espace et ce temps comme un nerf à vif, une excroissance
d'énergie qui en met en péril les limites. En arrière plan, une
musique qu'on n'entendra pas mais que la scénographie suffira à en
rendre l'écho joyeux et acide. Une orchestration qui ici se
transforme en kaléidoscope, dans des découpes de corps tamisés
comme autant de synecdoques pour nommer l'essence et la forme du
désir, du sexe et la nuit de la mort.
A
l'origine de l'exposition, un tube de Soft Cell et ses paroles de
rupture. Car c'est bien dans une faille que tout ceci se construit.
Béance au cœur de la nuit, éclairs sur la piste où Dieu ou le
diable mènent la danse. Miroir à facettes, chaussures de luxe,
accoutrements improbables, sexe et sueur, tous les matériaux, tous
les dispositifs sont convoqués. Le visiteur est accueilli par un
somptueux néon de Sylvie Fleury dont on découvrira par la suite des
paires de chaussures en bronze posées sur miroir. Puis les
sous-vêtements Calvin Klein et Levi's d' Elmgreen§Dragset., le sexe
velouté et torride de Betty Tompkins. Dream and Fachion. Là où le
réel s'épuise dans le petit matin blême, l'art prend le relais
dans son extrême diversité. On s'amuse de la démesure, on s'émeut
de la nuit et de ses fantômes qui s'agitent dans l'or et la lumière.
Le narcissisme se noie dans les communautés de circonstance, la
culture gay caresse l'imaginaire des people, chacun devient le VIP de
ses rêves.
Une
vaste salle est consacrée à l'exubérance colorée de Norber Bisky
qui déploie ses fantasmes solaires ou nocturnes. La peinture explose
comme pour illuminer ce qu'elle aveugle. Les corps sont beaux, les
fonds sont idylliques, le bonheur est peut-être un poison.
En
contrepoint, en marge de l'exposition, dix peintures de Fabienne
Audéoud, par des agrandissements d'illustrations enfantines, nous
placent dans une autre perspective, celle des contes et des petites
souris humaines. Celles-ci nous murmurent ironiquement que sans doute
jamais nous n'atteindrons nos rêves d'enfant.
La
seconde exposition, « dérobé » dans la galerie
carrée, résulte d'une résidence de Flora Moscovici et de Linda
Sanchez. L'architecture du lieu est en prise avec deux artistes aux
pratiques fort différentes. Les murs sont négligés au profil du
plafond alvéolé et de l'espace central. La lumière naturelle
baigne au cœur de ce dispositif. La rencontre des deux artistes se
réalise avec humilié comme un hommage au lieu . Peintre, Flora
Moscovici s'empare du plafond sur lequel elle répand un subtil jeu
coloré sur sept caissons. Le béton et leur stricte géométrie
s'anime alors d'une aura poétique tandis que Linda Sanchez travaille
la sculpture hors des cadres traditionnels. Elle déploie, du plafond
vers le sol, une vaste courbe à partir d'une bâche enduite d'argile
crue. Son séchage crée des zones lumineuses qui changent au fil du
temps et dont le sol recueille les dépôts de cet arc. Légèreté
et tension s’organisent à partir de câbles qui soutiennent
l'ensemble par des masses d'argile. Ici encore, la Villa Arson rend
hommage à la lumière.
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