vendredi 14 juillet 2017

"La Cité Interdite à Monaco", Grimaldi Forum



A partir de la Grèce et avec l'Agora, l'occident se construisit sur une confrontation orale de laquelle l'idée de démocratie émergea. La révolution française consacra d'ailleurs ce triomphe de l'éloquence. Une histoire bien française qui continue encore... A l'autre bout du monde, la Chine, elle, se construisit sur l'écriture. La calligraphie porte en elle-même le sceau de la nature et, dès lors, un autre paradigme s'établit, non plus sur l'horizontalité des rapports sociaux mais sur la verticalité qu'incarne l'Empereur dans cette filiation entre la terre, l'homme et le ciel. L’écriture lui en est alors consubstantielle et, plutôt qu'un tribun, l'Empereur est celui qui lit et paraphe journellement les rapports que, de toutes parts, une « armée de lettrés » lui fait parvenir. La Chine ne se comprend pas sans cette relation à l'écriture et son lien intrinsèque à la nature. Et il n'est pas anodin que ce sont, en France, des poètes qui l'ont le mieux exprimée - Claudel dans sa « Connaissance de l'est » et Ségalen dans « Stèles ».

Sans doute faudrait-il les relire pour vivre ce beau voyage dans le temps et l'espace chinois que nous propose le Grimaldi Forum de Monaco. Cette exposition est une mise en scène parfaitement structurée de ce que fut cette Chine de la dernière dynastie entre 1644 et 1911. La Cité Interdite revit donc cet été à partir de 250 œuvres issues pour la plupart du Musée du Palais impérial à Pékin et qui n'en étaient jamais sorties. Mais beaucoup proviennent aussi de collections d'Europe ou d'Amérique.
L'exposition s'organise autour de thèmes tels que « S'incliner devant le fils du ciel », « Vénérer le ciel », « Honorer les ancêtres », « Interroger le ciel » qui expriment cette filiation verticale mais aussi, par exemple, « les jardins impériaux » comme microcosme du monde. On y trouvera aussi , entre autres, « le jardin bouddhique » et « le salon de musique »...

L'oeuvre d'art se confond ici à la fonction d'usage de l'objet. On trouvera donc, dans un parcours savamment ordonné, des calligraphies, des peintures sur soie et même à l'huile, des bronzes mais aussi des armures, du mobilier, des porcelaines et des costumes d'apparat. Et l'on y admirera la beauté fulgurante d'une écriture, de cette calligraphie qui est en elle-même  la plus intense des œuvres d'art. 

La Cité interdite à Monaco. Vie de cour des empereurs et impératrices de Chine. Grimaldi Forum, du 14 juillet au 10 septembre 2017.







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