dimanche 9 juillet 2017

"Voyage immobile"

Caisse d'Epargne, Place Masséna, Nice
Du 8 juillet au 22 septembre 2017


                                                       Eve Pietruschi, Rêverie ou le parfum d'un souvenir


                                Une exposition engage à un parcours qui nous incite au partage avec des œuvres mais, que nous disent celles-ci, quand, paradoxalement, elles s'inscrivent dans le contexte d ' « un voyage immobile » ? Les commissaires, Rébecca François et Lélia Decourt, réunies dans cet « Entre/deux », déclinent des travaux d'artistes très divers qui se confrontent à un espace particulier pour le charger d'un sens qui pourtant , par nature, lui est étranger. D'où cette belle aventure d'une «  invitation au voyage »...

                                Cet espace investi d'une fonction particulière – une salle d'attente – est chargé de ses objets usuels et d' un trajet de circulation éloigné d'un lieu traditionnel d'exposition. Le défi consistait alors à créer ici, au cœur du quotidien et d'une activité réelle,  un récit pour un moment d'attente qui deviendrait un instant d'expérience et d'échappée vers l'imaginaire. Mais il fallait aussi que ce temps fût un vagabondage dans un espace très décloisonné et quelque peu labyrinthique dans lesquelles les œuvres pussent conserver leur autonomie tant dans leur diversité matérielle, esthétique, que par le sens ou le non sens qu'elles proposaient.

                     Ainsi Jean Dupuy et Gérald Panighi se mesurent-ils au mots et manipulent avec humour les ruses du langage pour les détourner vers une réflexion sur ce que l'art peut ajouter à la vie. Ailleurs, une poésie plus matérielle nous entraîne aux confins du sensible avec les roses et ses traces de Quentin Derouet, les installations aériennes et floconneuses d'Isa Barbier, l'imprégnation onirique avec la nature et son effacement chez Eve Pietruschi. Puis des œuvres plus distancées, plus analytiques, avec les photos de Favret/Manez, les dessins de Marine Pagès et d' Ahram Lee, l’installation de Lina Jabbour...


                      Ce temps vide de l'attente se peuple alors d'idées, d'images et d'hypothèses pour un voyage fragmenté en autant de possibilités de vivre et de revivre dans ce monde que nous ne savons pas toujours voir en face, dans sa réalité mais aussi dans son côté invisible et impensable. Son immobilité est celle d'une parenthèse dans laquelle le travail de l'artiste s'inscrit et se poursuit en nous conduisant sur les sentiers de l'imaginaire.

                             Gérald Panighi


                           Isa Barbier

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