mardi 13 juin 2017

Louis Cane, "Heureux comme les couleurs en France"


Galerie Helenbeck, Nice

« Heureux comme les couleurs en France » Voici donc une peinture qui ne se cache pas mais qui s'impose dans toute sa gloire, voire avec insolence. Il faut en effet un culot certain pour se dire aujourd'hui heureux, revendiquant la couleur et son lien à la France. Mais ce sens de la provocation n'est pas nouveau chez Louis Cane, il procède directement de ses débuts dans « Supports-Surfaces » quand l'artiste démontait le dispositif pictural, le mettait à nu. Mais, plutôt que de le détruire ou de le nier, il préfère l'autopsier pour comprendre son fonctionnement et générer une nouvelle pratique picturale où l'histoire de la peinture se bouscule et se formule avec les citations à Velázquez ou à Monet. Et dans le concept même de peinture comme dans les formes dont elle s'empare, l'artiste ne cesse de créer un dialogue entre les expérimentations d'hier et leur résonance dans cette peinture d'aujourd'hui dont il ne cesse d'affirmer la nécessité.
Louis Cane donne à voir cette peinture de même qu' il sait sculpter et habiller un espace. Un tel talent, un tel savoir-faire agace. L'artiste en rajoute donc ; la peinture jaillit dans son exactitude, la couleur dessine un territoire sensible, sans défaillance aucune ; elle coule de bonheur et de désir comme un acte de résistance aux pisse-vinaigre. Elle trace des formulations nouvelles ; elle est conquérante ou subtile, se mesure à la toile comme à de la résine et explore pour elle-même les territoires qui furent ceux des recherches d'autrefois.

Car un artiste ne se complaît pas dans l'image d'un moment, dans la répétition d'une recette. Il est celui qui avance, revendique sa liberté en brandissant ses couleurs.


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