Galerie Helenbeck, Nice
« Heureux
comme les couleurs en France » Voici donc une peinture qui ne
se cache pas mais qui s'impose dans toute sa gloire, voire avec
insolence. Il faut en effet un culot certain pour se dire aujourd'hui
heureux, revendiquant la couleur et son lien à la France. Mais ce
sens de la provocation n'est pas nouveau chez Louis Cane, il procède
directement de ses débuts dans « Supports-Surfaces »
quand l'artiste démontait le dispositif pictural, le mettait à nu.
Mais, plutôt que de le détruire ou de le nier, il préfère
l'autopsier pour comprendre son fonctionnement et générer une
nouvelle pratique picturale où l'histoire de la peinture se bouscule
et se formule avec les citations à Velázquez ou à Monet. Et dans
le concept même de peinture comme dans les formes dont elle
s'empare, l'artiste ne cesse de créer un dialogue entre les
expérimentations d'hier et leur résonance dans cette peinture
d'aujourd'hui dont il ne cesse d'affirmer la nécessité.
Louis
Cane donne à voir cette peinture de même qu' il sait sculpter et
habiller un espace. Un tel talent, un tel savoir-faire agace.
L'artiste en rajoute donc ; la peinture jaillit dans son
exactitude, la couleur dessine un territoire sensible, sans
défaillance aucune ; elle coule de bonheur et de désir comme
un acte de résistance aux pisse-vinaigre. Elle trace des
formulations nouvelles ; elle est conquérante ou subtile, se
mesure à la toile comme à de la résine et explore pour elle-même
les territoires qui furent ceux des recherches d'autrefois.
Car
un artiste ne se complaît pas dans l'image d'un moment, dans la
répétition d'une recette. Il est celui qui avance, revendique sa
liberté en brandissant ses couleurs.
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