Centre d’art La Malmaison, Cannes
Jusqu’au 4 janvier 2026
Alors qu’il interprétera cet été en Avignon, «Les fantômes de l’amour», c’est aujourd’hui à Cannes, dans une Malmaison hantée de «Poussière d’étoiles» que Jean-Michel Othoniel diffuse sa symphonie d’or et de lumière. Il faut en effet parfois s’extraire des blessures du temps pour célébrer la beauté du monde et l’artiste se saisit de l’espace cloisonné du lieu pour, au cœur de la Croisette, restituer les courbes majestueuses de ses palmiers, l’incandescence solaire et le miroitement du ciel dans le bleu de la Méditerranée.
C’est donc dans un rêve éveillé, parmi les méandres d’un conte où tout ne serait que luxe et volupté que nous entraîne Othoniel. Le rez de chaussée baigne dans le poudroiement de l’or que l’artiste, tel un magicien, diffuse dans d’immenses colliers de sphères de feu comme autant d’astres pour le souvenir d’un paradis perdu. Dessinateur, peintre, sculpteur de rêves, Othoniel nous rappelle que l’or, issu d’une collision de supernovas, serait selon les astrophysiciens un matériau issu d’une autre planète. Ici il essaime l’espace de ses spirales enchantées comme la promesse d’un idéal qui se réaliserait dans la transparence de l’eau lorsqu’elle jaillit de fontaines lumineuses dans un jeu de reflets qui se répand d’une salle à l’autre.
Aux étages supérieurs, la couleur rayonne pour une immersion dans le merveilleux sous le signe du langage des fleurs. Le verre, matériau de prédilection pour l’artiste, s’inscrit dans le rayonnement d’un bouton de rose à l’aube de son éclosion ou dans la délicatesse d’un lotus blotti dans sa spiritualité. Car l’art est aussi un acte de méditation pour s’abstraire des misères du monde et le réenchanter. Et ce monde résulte aussi de cette plongée au-delà des vastes fenêtres qui, ici, nous conduisent jusqu’aux horizons de la Méditerranée. Du dedans au dehors se joue cette secrète alchimie du réel et du merveilleux dans les entrelacs de briques et de sphères.
Il ne s’agit plus alors seulement de voir mais d’éprouver l’univers à travers une communion des sens. Les couleurs ont un parfum. Les chapelets d’astres rutilants qui s’égrènent du sol au plafond répandent leur suc comme les éléments d’une bonbonnière avec les sucreries d’une enfance perdue. Le luxe parfois se pare de la naïveté de l’innocence quand on veut s’évader vers d’autres ciels… A l’image de l’art baroque, tout n’est que chant, danse, élévation… Les parures de perles que tisse Jean-Michel Othoniel dessinent autant de larmes de bonheur que de douleur pour une œuvre toute en profondeur bien au-delà de l’effet de fascination qu’elle suscite. Plongeons alors parmi les méandres de la poésie et nulle besoin d’une boule de cristal pour prédire que cette exposition ravira toute personne qui s’immergera dans cette seule promesse du bonheur.