Musée National Marc Chagall, Nice
Jusqu’au 30 avril 2023
Originellement nommé «Musée National Message Biblique Marc Chagall», le musée a souhaité en 2008 valoriser l’ensemble de la création de l’artiste et sa dimension universelle en changeant de nom. Pour son cinquantième anniversaire, une série d’événements ponctuera l’année 2023 autour d’une grande variété d’acteurs du monde culturel. Voici donc le regard que porte l’écrivain Stéphane Lambert à travers un parcours, «Le monde transfiguré» par lequel l’intimité du peintre se conjugue aux mythologies qui tour à tour le hantent et le hissent au plus près d’une vie réconciliée après les épreuves de l’exil. Les œuvres présentées participent à la rêverie, à la métamorphose et à la joie quand le peintre s’incorpore symboliquement à la fête de la vie.
C’est une autre approche que suggèrent Mimosa Hoike et Asier Edeso, danseurs et chorégraphes, en pénétrant physiquement les images de Chagall par une floraison de mouvements qui rendent hommage à l’extraordinaire effervescence des formes et des couleurs dans l’œuvre du peintre.
Makiko Furuichi est une artiste d’origine japonaise née en 1987. Dans une salle face à la mosaïque de Chagall se reflétant dans un miroir d’eau, elle propose par de vastes fresques et des aquarelles sur papier, une interprétation du lieu tout en élargissant le message spirituel et universel du peintre. L’architecture semble alors absorbée aussi bien par la couleur qui incendie ou apaise que par la végétation alentour que l’artiste diffuse par de larges courbes qui embrassent ici les ailes d’un corbeau, là le souvenir des arbres et toujours la présence d’un ciel et l’envol des figures prophétiques.
Il ne s’agit alors ni de copier ni même de dialoguer avec Chagall mais plutôt d’interpréter l’œuvre de celui-ci sur un mode poétique ou burlesque en adoucissant ou en grossissant la peinture comme le récit par la fluidité de l’aquarelle, l’expressivité caricaturale des visages et des gestes ou l’exaltation de l’imaginaire. Makiko Furuichi nous entraîne ainsi dans ses envolées souriantes et ses fantasmagories rieuses. Et sous la légèreté d’un pinceau plein de vie, c’est toute la vitalité de Chagall qui surgit, la force de ses miracles et le souffle d’un récit qui affleure l’image autant que la puissance de son mystère la pénètre. Un sourire malicieux l’accompagne quand Makiko Furuichi nous conduit sur ces autres rivages où la peinture de Chagall continue à vivre comme si elle échappait même à l’espace du musée.