Musée de la photographie, Nice
Jusqu'au 24 janvier 2021
Souvent de dimensions imposantes et d'un aspect résolument spectaculaire, la photographie contemporaine tend à établir une confrontation avec le monde : elle s'impose, elle joue de ses techniques et trucages et, « il faut en mettre plein la vue ». Né en 1950, le photographe finlandais, Pentti Sammallahti renoue au contraire avec l'humilité première de la photographie, celle de saisir un fragment de réalité pour en extraire une essence spirituelle. Il ne s'agit plus d'un regard boulimique sur le monde ou d'un regard fugitif quand la pensée s'en absente et que l'image reste en suspens sur la rétine avant qu'elle ne s'éteigne.
Penttti Sammallahti saisit des parcelles du monde comme autant de fragments de l'invisible et les quelque deux cent photographies de l'exposition racontent cet instant de l'indicible quand l'imaginaire s 'empare de pans entiers de la nature. Issue d'innombrables voyages, chaque image diffuse la révélation d'un miracle avec seulement les traces d' une présence humaine, d'un animal ou d'un arbre. Et il y a le ciel, la terre, comme une page vide à l’affût d'un récit ou d'un conte. Et cette buée qui s'y dépose pour troubler notre regard ou cette atmosphère minérale dans laquelle s'impose la qualité du silence. Tout l'art du photographe repose sur la modestie, la lenteur et le cliché devient cet instant de méditation qui s'ouvre sur une révélation.
Pentti Sammallahti est un artisan. Ses « miniatures » - rappels des techniques médiévales- forcent notre regard à sonder chaque détail pour lui donner sens. Un oiseau à peine plus gros qu'une tête d'épingle pense déjà son envol. Le noir et le blanc suffisent à une écriture légère qu'aucun bruit ne doit écorcher. La splendeur des panoramiques, le tremblement ou l'épaisseur de la lumière, témoignent d'une présence diffuse que la qualité du tirage révèle. Le photographe sait tout faire. Il utilise les subtilités de l'argentique, il développe et compose chaque image dans de somptueux jeux de contraste. Dans ses cadrages, l'univers n'impose d'autre hiérarchie que par la mise à distance de ces présences en attente de l'événement qu'on voudra bien leur accorder. Hommes ou chiens, leurs ombres étincellent les pages de ce récit en sommeil. Dire la beauté du monde. Raconter le pays des merveilles. Montrer qu'il est là, devant nous.