Le
Narcissio, Nice
Jusqu'au
10 octobre 2020
Si le duo d'artistes, Magali Daniaux§ Cédric Pigot, nous accueille sur le ton familier d'un « Hello Humans !», ce ne sont pas tant leurs voix qui nous interpellent que leur œuvre à travers laquelle se disent les incertitudes du monde et se diffusent l'infini des hypothèses. Cette œuvre constituée de vidéos, de collages photographiques, d'installations sonores et d'un « Giacophone » - reconstruction d'une sculpture détruite de Giacometti imbriquée à un téléphone qui nous relie au pôle nord – se nourrit de nos débris de perception et de notre conscience lacunaire. Hybride, elle illustre un espace fluctuant quand l'univers se cogne aux représentations qu'on s'autorise et à la somme des conventions mentales qui lui sont soumises. L'imaginaire lui-même ne serait-il donc que cette prison de verre quand, dans le flux de la pensée, les images s’éteignent aussi vite que les mots s'épuisent ?
Les artistes mettent en scène ces interstices où se trament des hypothèses au détour des théories de l'information, de l'intelligence artificielle et pour lesquelles la communication devient le vecteur d'un lien entre nous-mêmes et le monde, et le monde avec un infra ou anti-monde. La fiction devient alors cette réalité qui vacille et se reformule. L'arbitraire du temps et de l'espace, la certitude du visible, la confiance en nos sens, tout se déchire pour de multiples potentialités auxquelles l'art propose des formes mouvantes, toujours en gestation, cristallisées entre des prélèvements de matière et l'impalpable des rêves et des fantasmes. Des poulpes de céramique parlent la mer, la biologie, l'organe incertain d'un corps ou d'une nébuleuse. L'art et la science s'accouplent dans une orgie joyeuse et crépusculaire. Les paysages de glace bruissent d'un feu qui ensemence les étoiles. La poésie irrigue cet infini que l'exposition architecture de façon sensible comme pour déjouer les illusions de nos sens. L'autre et l'autrement traversent les corps, ils en sont la figure éphémère et la pulsation. La vie ne serait que vestige et vertige de l'éternité. Terre, mer et ciel se fondent en nous à travers cette œuvre pour une expérience dans l'écho de ce qu'écrivait Antonin Artaud dans l'Ombilic des Limbes : « Je ne sens la vie qu'avec un retard qui me la rend désespérément virtuelle ».
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