Geneviève Claisse
Au
fil de l'abstraction, peinture et sculpture
« Femmes années 50 »
Jusqu'au
31 octobre 2020
Dans le sillage de
l 'après-guerre et de la reconstruction, se déploie un vaste
mouvement artistique en réaction au réalisme de Buffet ou de
Carzou. Dès lors pour nombre d'artistes, il ne s'agira plus de se
concentrer sur la figure mais plutôt d'explorer les potentialités
de l'espace même de la toile dans sa relation à la lumière et,
pour les sculptures, à la matière et à ses processus de
transformation. Les artistes expérimentent alors des démarches
nouvelles pour lesquelles les femmes prennent une place de plus en
plus importante. En écho aux revendications de Simone de Beauvoir en
1949 dans « Le deuxième sexe », ces femmes se détournent
résolument des stéréotypes les maintenant dans le champ de
l'émotivité voire de l'amateurisme pour des recherches plastiques
qui bouleverseront durablement le monde de l'art.
Le
Musée Soulages de Rodez, en raison des relations que le peintre
entretint avec certaines d'entre elles, notamment Sonia Delaunay
et Pierrette Bloch, présente une vaste rétrospective de
l’œuvre de ces femmes durant les années 50 alors que Paris
demeure l'un des foyers les plus vivants des avant-gardes. Ce sont
donc 43 femmes, célèbres ou méconnues, souvent épaulées par des
galeries et des critiques d'art féminines, qui nous permettent de
comprendre l'importance de cette décennie.
Si
la peinture reste privilégiée, une place est accordée à la
sculpture là où l'apport des femmes reste peu connue, avec des
artistes telles que Marta Pan ou Simone Boisecq. Pour
les tableaux, si Vieira Da Silva oscille encore entre
figuration et abstraction, c'est cette dernière qui marquera
profondément la scène artistique. Deux courants contraires
s'imposent alors : l’abstraction lyrique dont se prévalent
Joan Mitchell ou Judith Reigl avec des toiles plus
intuitives dans une recherche de la sensation et de la liberté
gestuelle, et l'abstraction géométrique incarnée par Sonia
Delaunay, le formalisme radical d'Aurélie Nemours ou Vera
Molnar qui s'orientera vers un art optique . Chaque artiste
contribue ainsi à se départir de l'imitation de la figure pour
rendre à l'art toute son autonomie. Les femmes-artistes s'imposent
alors comme créatrices de ce monde nouveau.
Aurélie Nemours
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