Les
Abattoirs, Toulouse
Jusqu'au
20 septembre 2020
L'énergie des rêves
Voir
ce lieu où tout se transforme sans commencement ni fin, là où le
réel se décompose, que sons et images se confondent et que le temps
s'abolit. C'est là ce monde rêvé de Laure Prouvost quand
l'inconscient se formule au travers d'un film et d'un environnement
d'objets hétéroclites, épaves du quotidien et rappel des éléments
qui nous constituent. Les citations surréalistes sont précises
mais, s'il s'agit de penser autrement le monde, ce n'est pas dans le
but de libérer l'inconscient mais pour que ce monde se conjugue à
une humanité meilleure.
« Voir
ce bleu profond te fondre » est cette œuvre qui fut d'abord
présentée dans le pavillon français pour la dernière Biennale de
Venise. Elle prend la forme d'une déambulation poétique sur de
multiples paysages, la mer, le Palais idéal du Facteur Cheval,
Venise et le lieu même où la Biennale se déroule. Les séquences
sont hachées, les visions se télescopent, les langues se
superposent, les images s'imprègnent d'éléments liquides et
tentaculaires. Tout s'entremêle pour une sublime fusion dans
l'illustration d'un autre monde possible.
Laure Prouvost nous confie une
œuvre ouverte, généreuse et, souvent sous une forme burlesque,
elle conduit cet étrange cérémonial qui est aussi un voyage
initiatique. Elle extirpe de nos imaginaires les angoisses et nos
différences en recomposant la trame de ce qui nous unit aux autres
et au monde. Autant dire que cette énergie folle qui se déploie
dans l’œuvre est à la mesure de nos espoirs pour une planète
mieux respectée car nous en partageons tous les atomes et que chacun
de nous est aussi une partie intégrante des autres. Et voici que
Laure Prouvost nous transporte dans une sorte de « bateau
ivre ». On y retrouve, comme chez Rimbaud, la même puissance
de la synesthésie et ce même constat : « Je est un
autre ».
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