dimanche 5 juillet 2020

Liselott Johnsson, Œuvres



Tout en s'inscrivant dans la tradition du Bauhaus, Liselott Johnsson en transgresse les règles non sans une certaine jubilation. Si de sa formation d'architecte et de plasticienne, elle s'implique dans l'environnement urbain, social ou écologique, c'est toujours par une parfaite maîtrise dans l'élaboration physique de l’œuvre et par une volonté de se départir de son seul impact visuel. Par le détour de l'ironie et un acharnement tranquille à interroger l'image dans les codes qu'elle subit, l'artiste prend ceux-ci à rebours en les mesurant aux structures du langage. C'est ainsi que les couleurs et les signes géométriques s'associent à des mots, parfois iconiques de notre quotidien, parfois chargés d'un avertissement, d'une menace.
Cette œuvre d'une apparente neutralité renvoie à notre monde dans toute son ambiguïté. Aujourd'hui les signes non verbaux prolifèrent et leurs injonctions, de façon inconsciente, induisent nos comportements. Liselott Johnsson les prélève : Ce que disent les couleurs, certaines indications sonores, les symboles liés à la circulation et aux transports, l'artiste le proclame et le détourne au profit d'une esthétique de la pensée dans la création d'une utopie universelle. C'est en cela que l’œuvre acquiert son identité et sa force. Il faut avoir vu son exposition dans un parc où elle élabore un mot croisé de couleurs et de signes pour des mots et une grammaire à recomposer. Et aussi, dans une chambre d’hôtel décorée par Morellet, comment elle parvient à associer vidéo et sons, avec Fabiana Cruz, pour impliquer chacun de nous dans la traduction de l’œuvre.
Ce travail rigoureux, sans détours rhétoriques, produit un impact implacable. Il nous place délibérément dans la relation de la couleur et du signe, de leurs mutations possibles et des conséquences qu'ils pourraient engendrer. Aussi l’œuvre de Liselott Johnson est-elle aussi un cri d'alarme froid et réfléchi sur les incidences de tous les codes qui nous gouvernent et qui mettent en péril le langage, l'art lui-même, c'est à dire tous ces liens essentiels qui nous unissent.




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