Se confronter à l'univers de Patrick Moya c'est vivre une expérience à rebours de ce que l'art contemporain, le plus souvent, nous propose. Récit assumé, expressivité de la couleur et légéreté de ton s'accordent ici pour projeter le spectateur dans un monde fictif et qui se désigne comme tel. Et dans ce monde, chacun pourtant s'y reconnaît, s'y retrouve, dans la poésie ou la naïveté de ses rêves, dans une imagerie « convenue » qui nous renvoie aux récits de l'enfance . Et, pourtant, au-delà, de la "friandise populaire" qui s'affiche ironiquement, se profile un monde étonnamment complexe pour peu qu'on qu'on en agence tous les éléments et qu'on en formule la narration.
Ce
qui structure l'ensemble, c'est le dédoublement généralisé qui
agit de façon virale, qui perturbe l'image en se diffusant du réel
vers l'artifice de l'art et inversement. Le peintre se peint derrière un masque qui n'est qu'un décor qui renvoie de nouveau à l'image du peintre dont la représentation est l'image infinie. Aussi l'univers de Moya se
construit-il à base de citations et de clins d’œil ironiques dans
un jeu de miroirs et de constructions en abyme. Il ne répugne
jamais à l'exagération, à la saturation, à la répétition, à l'exhibition narcissique comme ultime spectacle. Moya
pratique l'excès, s'adonne à une provocation rieuse et se met en
scène dans une relation ludique à l'histoire de la peinture dont
il décline les mille et une facettes, les détours, les perversités
facétieuses comme s'il cherchait là et, dans son ailleurs de Second
Life, un impossible autoportrait.
La figure du peintre se superpose alors à celle de Pinocchio dans ce monde du mensonge dont l'art lui-même serait l'expression tant par les promesses qu'il suppose que par ses propres limites, celles que Moya ne cesse d'étirer au-delà de la peinture, de la sculpture, de l'art populaire ou des utopies numériques.
Un tourbillon baroque nous projette vers des nuées dans lesquelles s'agitent des anges farceurs et des diablotins qui nous entraînent dans un dispositif extrêmement codé et finalement sans surprise car ce monde-là n'est que l'envers et le reflet du monde réel. Un décor inquiétant et doucereux composé de clones, d'avatars, du mouton Dolly et d'un bestiaire récurrent se construit ici pour un au-delà, enfer ou paradis, qui ne se logerait pas au fin fond du ciel mais déjà dans notre présent, dans notre réalité et ses potentialités virtuelles dans un horizon qui toujours recule.
Moya est le peintre baroque des temps
présents. Son ciel est le reflet de notre quotidien.
https://www.facebook.com/moya.patrick/videos/1156572777821978/
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