Galerie des Ponchettes, Nice
Il
faut parfois se mettre en retrait du monde, éprouver cette grâce
d'être saisi par la révélation de l'inutilité des choses, cette distance qui conduit à une forme d' « extase matérielle »
,telle que la définissait Le Clézio dans son livre éponyme :
«La
beauté de la vie, l'énergie de la vie ne sont pas de l'esprit, mais
de la matière». Pourtant de cette expérience sensible, nous en
ressortons spirituellement purifiés et Le Clézio ajoute : « Il
y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l'homme est exact.»
Cette
exactitude, il arrive néanmoins qu'elle se fracasse et se redéfinit,
comme toute certitude, par les rets de l'imaginaire et dans une
poétique de la reconstruction. C’est là que l'artiste intervient
et, plus précisément Vivien Roubaud, lorsqu'il élabore un
processus de création cohérent, fonctionnel mais dépourvu de toute
pensée utilitariste. Il ne s'embarasse pas de longues digressions
écologiques, aussi moralisantes que vaines , mais il tranche dans le
vif et met en place un dispositif de bricolage onirique qui singe les
technologies productivistes.
Vivien
Roubaud s'empare d'un lieu, ici la Galerie des Ponchettes, pour
élaborer un théâtre déshumanisé où d'autres règles président
à l'idée de création et à l'action de construire. La poésie par exemple, par la présence
d'un espace sensoriel dans lequel nous sommes immergés et qui nous relègue, loin, dans la brume dorée de
l'enfance quand l'artiste invente, à partir de matériaux industriels
récupérés, un dispositif pour déployer des nuées de filaments de
barbe à papa. Le discours du rêve, le détournement des fonctions de l'objet par l'ironie, suffisent à produire
ce qui serait une forme contemporaine de « vanité ».
L'artiste s'amuse à déjouer toutes les règles et joue du
contingent et de l'accidentel ; il convoque le hasard et
découvre de nouvelles lois toutes aussi inutiles qu'incertaines.
Cet
univers hybride et fuyant habite viscéralement le lieu qui
l'accueille ; il nous place, avec humour et de façon
distanciée, dans un environnement qui nous transporte loin de toutes ces strates de la consommation qui se surajoutent au
point de nous étouffer. Ici, place à l'enfance, au jeu, à
l'expérimentation et à la découverte. Ici, place à l'émerveillement et l'artiste est roi.
M.G
M.G
Du 11 février au 28 mai 2017
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