Cinquantenaire du Musée national Chagall, Nice
Jusqu’au 4 septembre 2023
Quelque soit l’artiste, il importe de le comprendre aussi bien dans le temps de son parcours créatif que pour l’importance de son œuvre à travers un regard contemporain. Cinquante ans après son inauguration, le Musée Chagall se devait donc de retracer l’itinéraire de l’artiste tout en l’actualisant par le biais de la musique ou de la littérature. Pour s’inscrire dans les pas de Chagall, autant retracer les principales étapes d’une vie sous le signe de l’exil et de l’errance. Et pour ce faire, quoi de mieux que de se glisser dans ses images pétries de rêve et de réalité, de sa jeunesse russe jusqu’à son installation sur la Côte d’Azur!
C’est là que l’artiste coréenne, Keong-A Song s’empare du fil biographique de Chagall dans une série d’illustrations réalisées à l’encre de Chine et à l’aquarelle. Le dessin fourmille d’une multitude de détails tour à tour symboliques ou imprégnés de réel. Sur un mode naïf et émerveillé, l’artiste multiplie les figures fantastiques, les associe à des paysages, à des scènes quotidiennes, au chant d’un coq d’où s’éveillent les ailes d’un ange. Toute la poésie et l’envol lyrique de l’univers de Chagall sont ici retranscrits sous forme d’un voyage dans le temps avec ses percées dans l’imaginaire. En une douzaine de dessins, c’est toute l’œuvre de Chagall qui se nourrit alors d’un souffle nouveau.
Mais ce Musée fut pourtant jusqu’en 2008, celui du «Message biblique». Aussi Frédéric Boyer, écrivain et traducteur de la Bible, s’est-il associé au dessinateur Serge Bloch pour traduire les mots en images car, dit-il, «Les mots anciens sont comme des images perdues». Des suggestions de formes empruntées à l’imagerie de Chagall se greffent à des écritures et s’éveillent ou se déchirent entre ombre et lumière. Et tout cela résonne en écho avec les œuvres de Chagall quand celui-ci convoque anges et démons pour dire la réalité du monde. Et si la peinture n’y suffit pas, autant lui insuffler de la musique. «Wave creation» est cette création musicale d’Ilia Osokin qui semble s’exhaler du vitrail de «La création du monde» dans l’auditorium du Musée. Dans un entrecroisement de sonorités hybrides, les notes, par séries, se confondent ou se séparent dans de lents tourbillons qui nous absorbent dans leur élévation. Et comme apothéose d’une orchestration sensorielle, il revient au parfumeur Jean-Claude Ellena d’associer certains tableaux du Cantique des cantiques à des essences de roses. Formes et couleurs s’évaporent dans un nuage de parfum et Chagall demeure encore le chantre du bonheur et de l’envol.
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