Galerie Eva Vautier, Nice
Jusqu'au 23 mars 2023
Fluxus, la grande aventure
Se saisir corps à corps du présent sans autre prédestination que cet instant où l'événement se produit, telle fut la déflagration que Fluxus opéra dans le monde de l'art. L'abolition des frontières entre l'art et la vie, le «happening», l'intervention du hasard et la seule énergie du quotidien imprimèrent alors durablement la vie artistique. L'esprit de Fluxus se perçoit encore aujourd'hui dans nombre d’installations et de performances contemporaines et il importait donc d'en raviver la trace.
Dès le début des années 50 se développe aux États-Unis comme en Europe occidentale, en écho au Dadaïsme, un mouvement qui intègre l’œuvre au créateur et incorpore, souvent avec humour, l'ensemble des activités artistiques - musique, peinture ou poésie - dans une même utopie créatrice autour des productions de George Brecht et de John Cage. Ce n'est pourtant qu'en 1961 que l’appellation Fluxus se diffuse à partir d’une revue et d'expériences initiées par Georges Maciunas. En 1962 son manifeste propose de «promouvoir la réalité du NON ART pour qu'elle soit saisie par tout le monde». Une série de concerts se tiennent alors en Europe jusqu'au dernier festival «Fluxus Art Total» qui aura lieu durant l'été 1963 à Nice. Maciunas y rejoint Ben Vautier rencontré à Londres l’année précédente et c'est alors que l'aventure fluxus se répand sur la Côte d'Azur.
L'exposition «1963-68...2023» nous raconte cette histoire qui se déroule dans un cadre réduit entre Nice et Villefranche-sur-mer. Nombre de documents et d’œuvres de quelques dizaines d'artistes proches de fluxus jalonnent un parcours foisonnant avec Ben pour chef d'orchestre. Celui-ci ouvre à Nice le magasin «Ben doute de tout» tandis qu'à Villefranche, peu après, Robert Filliou et George Brecht installeront «La cédille qui sourit». Jusqu'en 1968 les événements et les expérimentations les plus audacieuses se multiplient sur ce territoire et les archives de Ben et de Marcel Alocco nous en restituent les principaux épisodes.
Affiches, tracts, dessins, photographies et documents personnels nous entraînent dans cet univers joyeux où le monde se réinvente. A côté d'une salle consacrée à ce récit, un autre espace présente des œuvres qui se répondent dans un désordre jubilatoire d'objets, de fulgurances, d'absurdités ou de pensée magique. Poésie, formes et couleurs se télescopent ainsi pour faire renaître l'aventure fluxus. Des peignes de John M Armleder, des collages de Spoerri ou les mots labyrinthiques de Jean Dupuy, nous fournissent autant d'occasions de nous plonger dans cette liberté folle qui bouleversa notre conception de l'art.
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