Musée de l'Annonciade, Saint Tropez
Jusqu'au 14 novembre 2021
Un titre pour un prénom. Car l'exposition rend hommage à une femme dont l’œuvre fut longtemps éclipsée par l'ombre du nom de son mari, Fernand Léger. Et ce sont toutes les facettes de l'artiste qui, à travers 65 pièces, apparaissent dans ce Musée de l'Annonciade à Saint Tropez qui abrite nombre d'artistes phares du XXe siècle tels que Bonnard, Signac, Derain ou Matisse.
Nadia Léger (1904-1982) quitte sa Russie natale à 21 ans après avoir été l'élève de Kasimir Malevich. Elle étudie désormais à Paris aux cotés d'Amédée Ozenfant dont elle retiendra l'inspiration puriste, et de Fernand Léger auquel elle empruntera cet équilibre parfait entre les larges aplats de couleurs franches et la rigueur du dessin par ses courbes noires et sa géométrie plane. Pourtant si l’œuvre de Nadia reste profondément marquée par le style de l'homme qu'elle épousera en 1952, elle témoigne d'approches très diverses. Influencée par les leçons du suprématisme et des avant gardes russes, elle sera intéressée par le surréalisme, le cubisme mais aussi par le réalisme socialiste qu'elle développera sur le mode de la propagande soviétique d'alors. Militante du Parti Communiste, son engagement sera sans faille et s'exprimera par l'illustration de toute la gamme des stéréotypes à la gloire des travailleurs et de la frontalité conquérante de ceux-ci. L'idéalisation parfois naïve du propos témoigne cependant d'une authentique sincérité et d'une parfaite maîtrise de la forme et de la couleur.
La peinture de Nadia Léger est franche et sans détours. Dans ses portraits, l'artiste peint des personnages sans ambiguïté, sûrs de leur totale détermination. Ils sont à la mesure du trait et des courbes qui les cernent. Mais ce sont surtout « les couleurs de Nadia » qui imposent leur force dans cette œuvre à découvrir. Dans une harmonie austère, les tons parviennent pourtant à vibrer par le jeu de contrastes subtils, de nuances délicates pour une lumière franche qui se diffuse sur la totalité du tableau. L'équilibre règne. Le regard ne se dérobe jamais. Il nous fixe dans sa sincérité et nous lui répondons sur ce mode de l'émotion qu'on peut ressentir lorsqu'on se confronte à qui s'exprime sur le ton de l'évidence. Le seul propos guide toujours la main de l'artiste qui ne veut qu'en être la fidèle interprète.
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