mercredi 11 août 2021

"Le voyage à Nantes"

 



Jusqu'au 12 septembre 2021


Entre installations, performances et œuvres éphémères ou pérennes, il est parfois difficile de distinguer ce qui relève de l'art ou d'un simple jeu sans autre consistance que la surprise qu'il provoque. Depuis 2012, sous la houlette de Jean Blaise, le Voyage à Nantes propose chaque été un large éventail d'événements artistiques et d'animations dans l'ensemble de la Loire Atlantique. En relation avec le patrimoine ou les paysages de la Loire et du vignoble nantais, les lieux festifs et l'art contemporain se confondent parfois. Si l'on peut douter de la pertinence de « Versus Playground », création des architectes Titan sur la Place Graslin transformée en une piste pour patins à roulettes comme un pied de nez au superbe opéra qui lui fait face, le naufrage sera sauvé par la puissance de l’œuvre d'Ugo Schiavi, « Le naufrage de Neptune ». S'inspirant de la poétique des ruines, le sculpteur explore la symbolique de la fontaine de la Place Royale dont il utilise la statuaire pour hisser des profondeurs de la cité la proue d'un navire. Avec lui c'est tout le passé maritime d'une ville avec les fêlures qui sondent les entrailles de sa mémoire. Les amphores et les vases des divinités marines déversent l'eau hors de la coque brisée pour un lointain rappel à l'antiquité et à ses mythes. L'étrave se propulse vers le ciel dans une déchirure d'où jaillissent les flots comme le sang répandu d'une autre histoire.

Face à cette installation théâtrale au cœur de Nantes, Ulla von Brandeburg développe dans le Passage Sainte-Croix ses « Ombres bleues et jaunes », une série de rideaux dont l’entrelacs figure une scène imaginaire. Des ondoiements colorés nous invitent à un rituel magique qu'un film développe dans d'autres plis de couleurs et de sens. C'est au bout de l'estuaire, dans le Centre d'Art Contemporain de Saint-Nazaire, « Le Grand Café », qu'Adrien Vescovi, comme l'artiste allemande, s'empare de larges patchworks de tissus pour redéfinir l'espace du lieu. Au sol des rouleaux de toiles et les bocaux de décoction fixent le processus d'une œuvre qui invite à une méditation sur nos relations aux éléments à partir desquels la couleur apparaît. La terre des ocres, des épices, des végétaux ou des écorces, dans la lenteur de leur maturation, par le hasard des intempéries ou de la sécheresse, fixent la couleur pour un temps éphémère sur des draps cousus parmi lesquels le visiteur déambule. Ainsi va le voyage, d'une découverte à l'autre dans le flottement de l'espace et du temps.

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