Nantes, jusqu'au 11 septembre 2022
C'est dans le cadre de cette nouvelle session du «Voyage à Nantes» que Pascal Convert présente une œuvre dans une intensité qu'on retrouve rarement dans la sculpture contemporaine. Loin d'adhérer à la pression d'un éternel présent qui dicterait sa vérité au monde, l'artiste s'empare de l'éternité qu'il explore en archéologue sur un mode sensible, par la distance et la méditation. La sculpture se confond alors à un processus par lequel la matière s’inscrit dans la légèreté, par la seule grâce de l' inscription, de la trace ou de la transparence.
Profondément sculpteur, comme il aime se définir, Pascal Convert sonde l'immatériel à partir de l'effleurement de la matière. Et lorsqu'il évoque le corps, c'est pour témoigner des liens diffus qui tissent la mémoire de l'humanité. C'est ainsi qu'il sculpte, avec l'éphémère de la cire, des cloches silencieuses mais qui résonnent pourtant, loin de la dureté métallique du bronze, de cet appel à rassembler les hommes dans leurs joies ou dans leurs peines. Cette permanence de la mémoire s'inscrit aussi dans la série «Écorce de Pierre», tirages numériques à partir de l'empreinte de croix et de signes arméniens sur des pierres tombales entre le XIIe et le XVIIIe siècle mais détruites désormais par les autorités d’Azerbaïdjan. Prélever des pétales de temps pour en extraire de l'éternité, telle semble être la quête de cet artiste qui prête au pouvoir de la fragilité le rayonnement de l'âme et du cœur.
C’est de façon pérenne que les «Miroirs du temps» s'inscrivent désormais dans la partie abandonnée du Cimetière Miséricorde. Parmi les tombes aux pierres usées par le temps et les herbes folles qui s'en emparent, Pascal Convert, avec l'aide du maître verrier Olivier Juteau, dissémine sur des stèles des empreintes de biches, de chevreuils ou de faons saisis en bas-relief dans des dalles de verre. Leur regard traverse le temps et nous interroge à travers le miroir de leur fixité rêveuse. On y lit alors celui de l'enfance et de la douceur. Dans les plis translucides du verre se déploie un sentiment d'éternité comme l'apparition mystique d'un cerf au cœur de la forêt. Le verre, dans son épaisseur, contient des vagues qui surgissent de profondeurs lointaines, des nuages laiteux et des fissures que l'artiste cautérise avec de la feuille d'or. Un doux soleil éclaire l'éternité. Heureux ceux qui reposent ici.