Le lieu est certes très « chargé » mais pour un Musée consacré à la chasse, rien d'étonnant à ce que cela détonne ! Aussi, d'une salle à l'autre, dans le Musée de la Chasse et de la Nature qui rouvre après deux années de travaux avec l’adjonction à l'Hôtel de Guénégaud dans le Marais de celui, mitoyen, de Mongelas, se développe une histoire singulière. On rebondira sur des trophées de chasse, des collections d'armes et d'improbables cabinets de curiosité. Les murs se parent tour à tour de tableaux et de vitrines, le velours alterne avec le bois, le papier peint suggère quelque histoire secrète, la lumière caresse les ombres et infuse une vie étrange aux animaux empaillés ou aux scènes de genre qui ponctuent un parcours riche en surprises...
En tout, quelques 3500 objets collectés par la Fondation Sommer racontent notre relation à la nature et à la vie sauvage. Les peintures anciennes se confrontent à l'art contemporain pour un effet saisissant quand, par exemple, on s'égare dans une forêt de carton d'Eva Jospin ou une peinture à la cire de Philippe Cognée, un « Paysage vu du train ». Ailleurs les lustres ruissellent d'une lumière mystérieuse pour faire jaillir un bestiaire fantastique où les animaux parlent des hommes. Poésie, science, taxidermie et humour, tout ici s'entremêle. Présent et passé se télescopent. Cette nature recomposée est alors l'écrin d'un songe où la cruauté s'énonce par la densité et le mystère des choses. Elle nous emporte au cœur d'une forêt de Brocéliande recomposée par un mobilier désuet et la trace incertaine des hommes.
Aussi L'exposition temporaire au rez de chaussée pour la réouverture du Musée est elle une introduction à cette expérience initiatique. L'artiste Damien Deroubaix nous plonge dans une sorte de grotte où l'art, la magie et la préhistoire agissent de concert dans une œuvre, « La Valise d'Orphée ». Dans la mythologie, celui-ci avait le pouvoir de charmer les bêtes sauvages. De vastes peintures expressionnistes célèbrent donc ce qui relie la vie animale au cosmos et, en contrepoint, dénoncent l'ignorance et la cruauté des hommes. L'installation composée de peintures dispersées sur le plafond et les murs, mais aussi de sculptures et de gravures sur bois, se construit en parallèle au contenu de la valise d'Orphée : Trois cent minuscules figurines zoomorphiques datant de l'Antiquité qui racontent le mystérieux pacte symbolique qui relie l'humain au règne animal depuis la nuit des temps.