Centre d'Art La Falaise, Cotignac
Jusqu'au 24 octobre 2021
On célèbre le couturier, on ignore pourtant le peintre. Mais en parcourant cette exposition, on s'aperçoit que de l'un à l'autre, le doigt de l'artiste impose sans cesse l’exubérance de la couleur et dévoile les formes d'une sensualité dans l'imaginaire. Louis Féraud emprunte à sa Camargue natale les teintes chaudes d'une lumière crue et les courbes d'un paysage modelé par les bourrasques de vent. Pourtant ce n'est pas la nature qui l'inspire mais la femme, elle, seulement elle. Et à la sensualité de la peau, il lui fallait ajouter celle du vêtement et de la parure qui la revêtira.
Cette présentation somptueuse du travail de Louis Féraud donne toute la mesure de sa puissance créatrice. La mise en scène est joyeuse, on est aspiré par un torrent de couleurs pour des compositions aussi improbables que triomphantes. L'artiste ne s'interdit rien. Quand il peint, il s'empare de la chaleur des coloris de Matisse et de ses découpes, il revisite les méandres d'une peinture heureuse dont le souvenir irriguera ses pièces de haute couture. La femme, toujours la femme et son habit de lumière, les sinuosités qui se heurtent aux angles, la délicatesse des tissus, l'obsession du détail sans jamais contrarier l'explosion des formes.
Il y a de la magie dans ces doigts-là. Ils dessinent les contours minutieux d'un rêve éveillé, d'un bonheur simple tissé de fleurs, de fourrures, de nacres et de perles. Des robes et des foulards, des bijoux et toujours un enchevêtrement subtil de matières ensoleillées pour glorifier le corps féminin. Il rayonne ici par l'hommage que sa fille, Kiki, rend à son père. Une grammaire et un lexique coloré pour écrire cette certitude de la beauté et il faut se laisser alors envoûter par les mots qui décrivent certains habits dans le catalogue de l'exposition : « Fourreau long portefeuille, décolleté bain de soleil bordé de cabochons de strass » ou « Robe longue et veste de mousseline de soie blanche brodée de fines perles, de mini baguettes cristaux, avec application de satin. La veste à manches gigot est courte, laissant apparaître la ceinture de satin drapée de la robe qui s'ouvre aux genoux en large corolle ». Louis Féraud habille le monde avec l'or de la lumière et des mots qui le caressent.
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