Jusqu’au 31 décembre 2022
Usine Fagor, LYON
Pour ce «Manifeste à la fragilité» comme le proclame le titre en anglais de la 16e Biennale de Lyon - la langue française ayant disparu - il n’est pas certain que le cadre soit approprié. Par bonheur, l’événement se déploie sur d’autres sites dont l’architecture assure aux œuvres toute leur légitimé. Pourtant si les anciennes usines Fagor, par leur immensité oppressive maltraite d’emblée nombre d’œuvres, certaines y trouvent leur épanouissement. Parmi elles, l’installation de l’artiste belge Hans Op de Beeck qu’on traduira par «Nous sommes les derniers à rester», est particulièrement saisissante puisqu’à l’instar d’un décor cinématographique, elle nous convie à imaginer notre propre scénario quand celui-ci s’aliène à un dispositif scénique.
Voici donc un vaste hangar au sein de ces friches industrielles si prisées par l’art contemporain. Une chape de silence s’abat sur un paysage recouvert d’une cendre grise, avec ses arbres maigres, une eau morte et des mobile home avec un assemblage de chaises et de tables vides comme si toute trace de vie avait déserté le lieu. Ainsi déambule-t-on dans un espace clos où le temps est aboli et où, la question de l’histoire et de l’humain reste énigmatique, comme en suspend.
Une ville fantôme mais que plus rien ne vient hanter. C’est parce que nous sommes pris dans cette sculpture de cendre et de neige charbonneuse que nous savons qu’aucun récit ne peut y germer. Plus qu’un «Memento mori», cette installation est aussi une méditation sur les modulations du réel et de la fiction et la possibilité d’éprouver par nos seuls sens les points de fuite de l’imaginaire. Bad trip but good work!
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