Fondation Louis Vuitton, Paris Jusqu'au 24 février 2020
Quand
l'art de vivre s'accorde avec l'art vivant, tout un nouveau monde
surgit. Créatrice ancrée dans son siècle, Charlotte Perriand
(1903-1999), parce qu'elle fut d'une liberté absolue, parvint à
contribuer à cette fabrique du monde moderne à laquelle
s'associèrent les plus grands artistes du XXe siècle. Si l'art
c'est la vie, il faut alors qu'il soit total, qu'il en épouse tous
les aspects, qu'ils soit lié aussi bien à l'architecture qu'aux
arts plastiques et qu'il nous parle tout autant de l'objet, de sa
forme et de sa fonction, que de l'espace qui le contient. La
Fondation Louis Vuitton propose un parcours chronologique à vivre
comme une véritable aventure pour la découverte d'une femme qui fut
architecte, designer et dont l’œuvre très diverse et toujours à
échelle humaine marque encore notre temps
On y trouvera quelques 400
œuvres dont la moitié sont des pièces de mobilier, des maquettes,
des photographies et bien d'autres documents qui illustrent une œuvre
foisonnante entièrement tournée vers une image positive de la vie.
Le bonheur ne se satisfait pas ici de l'hédonisme, il engage le
rapport à autrui et au monde, à la dignité et au respect de toutes
les cultures. Il tend à saisir le présent comme une trace de
l'avenir et à penser l'espace aussi bien en fonction de l'universel
que des cultures vernaculaires. Charlotte Perriand parvint à
concilier le réel et l'utopie, à travailler au Japon et au Brésil,
à visiter le monde et à le défricher comme une terra incognita.
Une telle aventure ne se joue
pas en solitaire. L'autre moitié des œuvres présentées relève
des collaborations et des amitiés que cette femme entretint avec Le
Corbusier et Pierre Jeanneret mais aussi avec des peintres tels que
Léger, Picasso et Braque et tant d'autres. La qualité de toutes ces
pièces est remarquable. D'immenses toiles de Léger ou d'émouvants
portraits de Picasso voisinent avec le mobilier imaginé par
Charlotte Perriand. La couleur fuse d'une œuvre de Miro et rencontre
des objets où se mêlent tradition et modernité, nature et
technique. L'architecte s'intéressa aussi bien à l'urbanisme qu'à
la montagne pour la station de ski des Arcs. La designer utilisa les
matériaux industriels tout en puisant dans la nature la légèreté
d'un bois, d'un bambou ou d'un cannage.
Charlotte Perriand refusa
toutes les normes. Elle savait que créer c'était labourer le
présent pour penser l'avenir et que pour cela la liberté devait
être absolue. Elle resta une exploratrice et dans cette exposition
nous allons de découverte en découverte à travers une scénographie
particulièrement soignée. Jamais elle n'oublia que l'art était un
engagement et un partage, que l’utilitaire ne devait jamais entamer l'idéal de la beauté pour tous. Aussi ce trajet dans l'histoire de
la modernité se déroule-t-il selon un récit palpitant, dans la
poésie des objets et des formes.
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