jeudi 10 octobre 2019

"Arbres, l'intime échange", Centre Art Contemporain Châteauvert.


« Arbres, l'intime échange »
Centre d'Art Contemporain Châteauvert

Albane Hupin, "Silva"

A travers ses larges baies vitrées, le Centre d'Art contemporain entre en résonance avec la nature et les arbres qui l'environnent . Entre leur réalité et leur artefact à l'intérieur du Centre, une relation intime se noue au travers de la vie végétale et de la sensibilité de l’artiste. Dans ce partage du vivant, l'arbre est saisi dans ses aspects matériels quand il distille la lumière ou, au contraire lorsque les feuillages l'absorbent pour la confondre dans l'opacité d'une masse. Mais les arbres, ce sont aussi des formes et des couleurs, et aussi des mythologies et des cultures quand en Afrique, sous leur ombre, se jouent la palabre ou les fils inextricables de la magie.
Regards, méditation, réflexion sur notre relation au végétal, telles sont les attitudes déployées par les artistes pour rendre compte de leur dialogue fécond avec les arbres. Avec leurs racines, écorces ou feuillages, leurs corps sont en prise avec le nôtre. Ils jalonnent des errances poétiques ou délivrent l'écho mystérieux de la forêt primitive. La diversité de la nature répond ici aux multiples approches des 15 artistes qui s'en saisissent. Par la peinture, Emmanuel Billon figure l'arbre au travers de l'imaginaire, dans son rapport au mysticisme et à la mort. La couleur est somptueuse dans sa brume et la matière végétale s'évapore dans une auréole lumineuse. A l’inverse, les peintures d'Yves Conte pensent l'arbre physiquement, dans sa totalité et son rapport à l'espace. Mais sa matérialité renvoie aussi l'image d'une culture dont nous ne pouvons nous affranchir. Gérald Thupinier quant à lui se livre à un corps à corps avec les feuilles qui se fondent dans l'épaisseur de la matière picturale et les signes sont comme le présage des mots. Alexandre Hollan célèbre un échange silencieux et contemplatif avec l'arbre dont il éprouve la densité ou bien la fragilité des brindilles et des nervures. Il y a aussi le superbe reflet de l'arbre caressé par le vent dans une flaque de lumière sombre dans l’œuvre d' Henri Olivier et ces somptueux panneaux d'Albane Hupin qui absorbent l'arbre dans sa sève quand elle les teint à partir de décoctions d'écorces de chêne et de noix de galle.

Toute l'exposition célèbre cette expérience de l'intime entre l'arbre et l'artiste. Celle-ci prend tout son sens dans la présence d'une pelle « 7000 Eisen » de Joseph Beuys qui nous rappelle qu'elle servit à planter 7000 chênes. L'art est ici une action, un événement qui agit au cœur de la vie pour une une renaissance possible : Un art écologique.

Elodie Barthélémy, Joseph Beuys, Emmanuel Billon, Sylviane Bykowski, Yves Conte, Charlotte Agnès Dugauquier, Alexandre Hollan, Albane Hupin, Angelica Julner, Charlotte B.Lacordaire, Michel Loye, Christian Nironi, Henri Olivier, Yoyo Sorlin, Gérald Thupinier

Emmanuel Billon, "Danse macabre"
Jusqu'au 1 décembre 2019


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