La
puissance d'un lieu ne se laisse pas absorber par l'image. Elle se
révèle dans l'élasticité d'un espace quand le temps se dissout
dans cette acuité du présent que le promeneur éprouve face au
déploiement bleuté de la mer, aux courbes déchiquetées d'une
côte, à l'harmonie des jardins. Ce sentiment d'atteindre une forme
de perfection, le visiteur le ressent en découvrant, en surplomb de
la Méditerranée, le « Cap Moderne » qui rassemble le
Cabanon du Corbusier, le bar-restaurant de l’Étoile de mer et la
Villa E-1027 d'Eileen Gray et Jean Badovici à Roquebrune-Cap-Martin.
Celle-ci s'impose dans le paysage par la certitude de son
architecture minimaliste, ses lignes épurées, ses arêtes adoucies
et ses terrasses sereines qui défient l'immensité du paysage
alentour.
La
restauration du site entamée en 2014 est en voie d'achèvement. En
2020 le Centre des Monuments Nationaux en prendra la gouvernance
quand les derniers ajustements auront été achevés tant dans
l'aspect extérieur de la Villa que dans son aménagement intérieur.
C'est d'ailleurs celui-ci qui confère toute son originalité au
lieu. En effet, plus qu'à l'esthétique proprement dite, Eileen Gray
s’intéressait à la fonctionnalité de l'ameublement et l’exiguïté
de certaines pièces l'incita à créer des objets aussi surprenants
par leur forme que par l'usage qu'on pouvait en attendre. Elle
s’efforçait par ailleurs de conférer à ce mobilier une note très
féminine pour son utilisation ce qui accentue ici le sentiment
d'une présence. Le lieu n'est pas qu'un superbe décor, il est
surtout un lieu de vie qui vibre des ondes de la nonchalance et du
bonheur. La Villa semble ainsi « habitée » d'une
identité et d'une mémoire. Femme libre et artiste totale, Eileen
Gray fut particulièrement innovante dans le domaine du design, de la
décoration d'intérieur et de l'architecture.
Le
site est ouvert au public jusqu'à la fin octobre. De nombreux
événements, concerts et soirées de gala y sont organisées tout au
long de l'été.
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