Voici
une peinture universelle à la fois populaire et cultivée, simple et
complexe, qui parle de notre animalité, de nos angoisses, de notre
énergie folle à nous soustraire à toutes les chaînes. Elle parle
de cette liberté que porte l'art quand celui-ci se refuse à tout
destin pour condenser tout un flux de mémoire qu'il interprète à sa guise et met en scène une
dramaturgie de la couleur et de la forme alors que tout est encore
en gestation.
Si de
prime abord on peut penser à la peinture de Basquiat ou à celle des
artistes du Street art, l'univers de Calvet est pourtant fort
différent: Ce n'est pas tant à une extériorité psychologique et
sociale, ni à un décor ou même à un désir d'expressivité qu'il
s'attache mais plutôt à revenir aux sources du langage pictural.
Une peinture qui se déporte au-delà de l'actualité ou du temps. Si
le visage humain est omniprésent, il est lacéré par une multitude
d'images qui l'enserrent dans une trame étouffante. Les yeux sont
partout, hypnotiques, carnavalesques, rappels de civilisations
perdues. Les doigts sont des pointes lacérées comme des étoiles.
Les bouches exhalent un rire sans objet. L'infini du ciel pénètre
le corps, la couleur est une éruption de la vie. Le feu couve en
chaque chose, en laisse jaillir la lave et, si tout se désarticule
et se fond, pourtant quelque chose de l'ordre d'une autre grammaire,
d'une nouvelle forme lexicale, se construit ici. C'est bien d' art "singulier" dont il s'agirait aussi puisque le peintre y perçoit une forme de thérapie personnelle qui l'aura délivré de ses blessures et de ses tourments. Et c'est parce que
l'artiste parvient de façon très personnelle à se saisir de
l'univers, à en traduire l'énergie à travers celle du corps, qu'il
nous livre une œuvre littéralement saisissante.
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